Le Film du Mois d’Octobre 2019 : Papicha
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Le film du mois d’octobre est une oeuvre revigorante de la réalisatrice Mounia Meddour : il s’agit de "Papicha" qui bien que ne sortant que le 9 octobre prochain, a déjà fait l’objet de plusieurs avant-première dans certains cinémas. Avec Papicha, la réalisatrice algérienne Mounia Meddour signe son premier long métrage dans lequel elle expose le quotidien de jeunes femmes en Algérie dans les années 90, à travers Nedjma, une étudiante qui rêve de devenir styliste et se bat pour sa liberté en pleine guerre civile. Le film a été présenté à Cannes dans la catégorie Un Certain Regard et a reçu trois prix au festival du Film francophone d’Angoulême.
Genre : Drame – Durée : 105 minutes - Réalisatrice : Mounia Meddour
Synopsis : Alger, années 90. Nedjma, 18 ans, étudiante habitant la cité universitaire, rêve de devenir styliste. A la nuit tombée, elle se faufile à travers les mailles du grillage de la cité avec ses meilleures amies pour rejoindre la boîte de nuit où elle vend ses créations aux "papichas", jolies jeunes filles algéroises. La situation politique et sociale du pays ne cesse de se dégrader. Refusant cette fatalité, Nedjma décide de se battre pour sa liberté en organisant un défilé de mode, bravant ainsi tou les interdits.
Bande Annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19584003&cfilm=273587.html
Tentative de critique : Alors que la révolte gronde dans les rues d’Algérie, voici un film d’une jeune réalisatrice qui nous ramène quelques années en arrière. Un film sur la pulsion de vie, à la mise en scène fiévreuse, pour exorciser les traumatismes des années 90. Raconter pour ne pas oublier et éviter de nouvelles dérives.
Alger, années 90. Nedjma, jeune étudiante en lettres, profite de sa jeunesse avec insouciance. Entourée de ses meilleures amies, elle fait le mur le samedi soir pour sortir, sous l’œil complice du concierge de la cité universitaire. La journée, elle dessine et coud, avec un talent certain, des robes pour les papichas, ces jeunes et jolies Algéroises.
Jusqu’au jour où une patrouille de femmes en hidjab débarque en plein cours et enlève le professeur, accusé de parler la langue étrangère (le français) et par là de pervertir la jeunesse. Ce ne sera là que le début de la « décennie noire », marquée par des enlèvements et des attentats quotidiens. Nedjma décide alors de résister par ce qu’elle aime : coudre…
Le film est largement inspiré de l’expérience personnelle de la jeune réalisatrice ; tout y est réaliste, à commencer par la vie à la cité universitaire, entre filles, où la solidarité et l’amitié comptent plus que tout. Dans l’adversité, on se serre les coudes et on cherche des solutions, légales ou pas. Chacune des filles représente à leur façon une des facettes de cette jeunesse algérienne. Nedjma est forte, mais aussi un peu naïve et refuse de voir la menace qui monte. Elle aime profondément son pays et refuse de le quitter alors que Kahina rêve de partir à l’étranger, convaincue de rater des opportunités en restant au pays. Linda, sa sœur, représente ces centaines personnes de journalistes et intellectuelles, enlevées et assassinées par les islamistes.
Portait féministe, Papicha séduit tout particulièrement par son punch, sa fraîcheur. Le film restitue le climat anxiogène des années 90 en Algérie, le règne des arrangements, la violence ambiante croissante et les pressions sur les femmes, premières cibles des endoctrinés.
Mounia Meddour a réalisé plusieurs documentaires, tels que Particules élémentaires en 2007, ou encore La Cuisine en héritage en 2009, puis en 2011 Cinéma algérien, un nouveau souffle, un documentaire sur la nouvelle génération de réalisateurs algériens qui émerge, malgré l’absence de financement. Cette même année 2011, elle réalise son premier court-métrage de fiction, Edwige. Ce court-métrage reçoit une mention spéciale aux Journées cinématographiques d’Alger.