Le film du Mois de Mai 2019 : El Reino

vendredi 3 mai 2019
par  Hervé Thomas
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Ce mois-ci, il s’agit d’El Reino, la dernière production de Rodrigo Sorogoyen sortie le 17 avril 2019.

Genre : drame, policier espagnol – Durée : 131 minutes - Réalisateur : Rodrigo Sorogoyen.

Synopsis : Manuel López-Vidal est un homme politique influent dans sa région. Alors qu’il doit entrer à la direction nationale de son parti, il se retrouve impliqué dans une affaire de corruption qui menace un de ses amis les plus proches. Pris au piège, il plonge dans un engrenage infernal...

Tentative de critique :

« La corruption politique en Espagne – et surtout, la totale impunité de ses leaders depuis une dizaine d’années – nous a laissés, ma co-scénariste Isabel Peña et moi, d’abord perplexes, indignés puis déprimés, et enfin presque anesthésiés. C’est la répétition des affaires de corruption de ces dernières années qui nous a décidés à raconter cette histoire. Comme dans Que Dios nos perdone, nous voulions faire un thriller, un film à suspense qui accroche le spectateur mais qui parle aussi des êtres humains et de leur noirceur. », tel est le postulat de départ qui a conduit Rodrigo Sorogoyen à réaliser ce film.

Le Royaume (El Reino) nous plonge dans l’univers peu reluisant des magouilles politicardes en l’abordant à partir d’un protagoniste principal que l’on suit dans sa fuite en avant au fur et à mesure que son univers s’effondre inexorablement. Petit à petit, on s’identifierait presque à cet anti-héros qui doit, pour tenir encore, réfléchir et agir de plus en plus vite pour ne pas tomber, le tout renforcé par une bande son omniprésente, qui accentue encore le sentiment de malaise.

De banquets somptueux en promenades en yacht de luxe, on comprend vite qu’on est là chez les puissants, des puissants tellement sûrs d’eux qu’ils en oublient d’être discrets tant ils pensent que leur impunité est une chose acquise.

Si l’on est plongé au sein d’une formation politique dans l’Espagne de 2007, le réalisateur a bien pris soin de n’en désigner aucune ni à droite, ni à gauche, tant le scénario pourrait être universel, et nous rappeler aussi quelques scandales à la française.

Alors que les médias dévoilent peu à peu le fonctionnement des malversations, de la corruption et des comptes d’initiés, Manuel López-Vidal (Antonio de la Torre) dont la carrière politique paraissait toute tracée se voit alors désigné par ses petits camarades et anciens "alliés" comme la brebis galeuse seule responsable du scandale.

Mais le bouc émissaire n’a pas l’intention de se laisser faire et est prêt à tout pour sauver sa peau et entraîner avec lui tout le système...

Laissons le mot de la fin au réalisateur Rodrigo Sorogoyen : " Dans Que Dios nos perdone, la violence était le sujet central, ici c’est la corruption – pas seulement politique mais aussi humaine. C’est le mensonge comme manière de vivre. Aucun film n’avait encore été fait sur la corruption espagnole d’aujourd’hui, et nous savions dès le début que le film serait raconté du point de vue du politicien corrompu, du voyou, celui qui, dans un film classique, serait le rival, l’ennemi."

Bande Annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19581969&cfilm=251491.html


Un peu plus sur le réalisateur :
Rodrigo Sorogoyen est le nouveau petit génie du cinéma espagnol. En l’espace de trois films, il s’est imposé comme un des réalisateurs les plus intéressants du moment. Doué d’un talent rare pour mettre le spectateurs sous tension, comme on a pu le voir dès son premier long-métrage, Stockholm (2013), tout petit film monté pour 60 000 euros via une campagne de financement participatif, le metteur en scène fait mouche à chaque fois. Chouchou des festivals, des critiques et des cérémonies de remise de prix, il a vu sa carrière décoller en 2016 dès son second long-métrage, Que Dios nos perdone, un thriller brûlant qui se passe à Madrid, et vient de confirmer avec El Reino, qui lui a notamment valu le Goya du meilleur réalisateur et du meilleur scénario. On attend donc avec impatience son prochain long-métrage, Madre, co-produit en France avec Le Pacte et tourné en partie dans Les Landes.


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