Le Film du Mois de Septembre : "Effacer l’Historique"
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Pour la rentrée, on se régale, on rit et on pleure avec le nouveau film de Benoît Delépine et Gustave Kervern : "Effacer l’historique".
Effacer l’historique - Réalisateurs : Benoît Delépine & Gustave Kervern - Sortie : 26 août 2020 - Durée : 106 minutes.
Synopsis : Dans un lotissement en province, trois voisins sont en prise avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Il y a Marie, victime de chantage avec une sextape, Bertrand, dont la fille est harcelée au lycée, et Christine, chauffeur VTC dépitée de voir que les notes de ses clients refusent de décoller.Ensemble, ils décident de partir en guerre contre les géants d’internet. Une bataille foutue d’avance, quoique...
Bande-Annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19587258&cfilm=275608.html
Après leur début avec Aaltra, en passant par Mammuth, Le Grand soir, Saint-Amour et le dernier en date I feel good, voici donc le dixième film du duo d’amis et de cinéastes. Tous leurs films ont pour cadre le nord de la France, patrie de Benoît, mais ce film-là laisse enfin une place à celle de Gustave. Son territoire à lui c’est l’île Maurice et c’est aussi celle du dodo, sorte de gros pigeon qui a disparu il y a bien trois siècles à cause de l’activité humaine. Bon et c’est quoi le rapport avec la choucroute ? Et bein, si le dodo a disparu à cause de l’homme, l’homme serait peut-être bien en train de disparaître à cause de l’intelligence artificielle…
Dans Effacer l’historique ce sont trois solitudes qui se côtoyaient en s’ignorant et qui enfin se rencontrent pendant le mouvement des gilets jaunes, trois solitudes qui deviennent amies et s’épaulent face au monstre numérique.
Il y a Marie, victime de chantage avec une sextape ; Bertrand dont la fille lycéenne est harcelée en ligne et Christine, chauffeur VTC dépitée de voir que les notes de ses clients refusent de décoller. Ils partent donc ensemble en guerre contre les géants d’internet, une bataille qui semble perdue d’avance…
Avant même d’avoir l’idée de faire un film sur un tel sujet, les deux amis, de leurs propres aveux, s’appelaient tous les jours et constataient à quel point ils étaient dépassés par les incroyables méandres de la vie quotidienne actuelle.
Ne plus avoir d’interlocuteurs, parler avec des boîtes vocales à longueur de journée, devoir créer encore et encore divers mots de passe de plus en plus compliqués à retenir… Rester le cul vissé sur son fauteuil avec sa pompe à bière devant son écran géant sous perfusion de séries... Toutes les absurdités technologiques de notre époque les font frôler le burn-out et ils sont loin d’être les seuls ! La vie quotidienne est devenue une hallucination permanente qui nous donne l’impression de vivre dans un asile à ciel ouvert.
C’est un film qui constate une certaine défaite mais en gardant un espoir dans les individus et leur humanité, un film dramatique sur les nuisances du système mais joyeux sur les gens.
« On n’a pas le choix, on ne peut plus dialoguer avec une personne humaine. Après, on s’étonne qu’il n’y ait plus d’emplois. Ben oui, il n’y a plus personne nulle part alors pourquoi n’y aurait-il pas de chômage ? Et s’il n’y a plus d’emplois, pourquoi y aurait-il une retraite à 64 ans ? Tout est aberrant. Les gens sérieux qui réfléchissent à notre avenir savent qu’il y aura de moins en moins d’emplois, que les machines et les ordinateurs feront le boulot, qu’il n’y aura plus personne pour cotiser à la retraite. » Benoît Delépine