LA DETTE
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La revue Alternatives Économiques publie dans son numéro d’avril un dossier qu’elle intitule « Vive la dette ». Vous en trouverez ci-après une synthèse.
Quand vous empruntez de l’argent à votre banque, vous contractez une dette que vous êtes tenu de rembourser. Vous n’avez pas le droit de faire un deuxième emprunt pour rembourser le premier. Ce qui serait de la cavalerie bancaire, illégale.
Quand l’État emprunte sur les marchés financiers, il doit chaque année rembourser les intérêts de son emprunt. Mais lorsque celui-ci arrive à son terme, on dit « à maturité », et qu’il doit rembourser « le principal », l’État, contrairement à vous, a le droit, et il l’utilise, à un second emprunt pour rembourser le premier. Même opération le moment venu pour rembourser le principal du second emprunt, et ainsi de suite. On dit que l’État « fait rouler sa dette ».
Pourquoi cette différence de traitement ? Parce que votre durée de vie, la durée de vie de votre ménage, est limitée. Vos créanciers tiennent à être remboursés pendant que vous êtes là. L’État, au contraire, a une durée de vie non limitée, qui donne confiance à ses créanciers. Surtout lorsqu’il s’agit de la France, pays riche, à l’économie bien assise, des travailleurs compétents, etc… un État qui n’est pas près de faire faillite.
Actuellement le monde regorge de liquidités. La population mondiale est vieillissante donc épargne ; les inégalités croissantes, les distributions de généreux dividendes font que les plus aisés ne peuvent pas consommer tout le cash qu’ils ont et épargnent.
Cette abondance de liquidités entraine comme conséquence que les taux d’intérêts sont presque nuls.
Ce qui est entretenu par les Banques centrales, qui ont une politique de crédit bon marché afin de favoriser les investissements et l’activité économique. Dans ce but, elles rachètent continuellement des titres de dette publique.
Conséquences :
1- Le coût de la dette, les intérêts à payer, diminue. En France, alors que le principal de la dette a doublé de 60% à 120 % du PIB, son coût a diminué de moitié.
2- Ceux qui ont de l’argent disponible cherchent à toute force à le « placer ». En Janvier 2021 la France a emprunté 7 Mds€ sur 50 ans à 0,593%. Les « investisseurs » proposaient de prêter 75 Mds, dix fois plus. Cet excès d’offre de prêts sur la demande explique que certains taux d’intérêt soient négatifs. Prêter de l’argent à un État, c’est être certain de le récupérer. Quitte à en perdre un peu. Le taux négatif paye, par une petite perte, la sécurité de retrouver son argent après plusieurs années.
3- Les États ont aujourd’hui d’énormes possibilités d’endettement bon marché. Les USA ont une dette de 100% de leur PIB aujourd’hui et prévoient qu’elle sera de 200% en 2050
Emprunter : pour quoi faire ?
La transition climatique nécessite d’immenses financements : énergies nouvelles, isolations, Recherche/Développement, environnement, infrastructures, etc…
Le Fardeau de la dette ?
Oui, mais avec un coût de dette raisonnable, à comparer au patrimoine public créé : de bons emplois, des infrastructures de qualité, un environnement propre, la durabilité climatique… tous éléments qui sont les vrais déficits.
La dette écologique ?
Le jour de l’année où un pays a consommé plus de ressources que la Nature ne peut en régénérer est le « Jour du dépassement ». Il tombe aux USA en mars ; en France le 5 mai ; au Niger 15 décembre.
« La croissance des pays du Nord se fait depuis des siècles au détriment des populations et des écosystèmes des pays du Sud ». Les pays du Nord ont vis-à-vis des pays pauvres une Dette écologique importante : pour la France 38 points de son PIB, selon l’OFCE. L’ampleur de la dette écologique justifierait l’annulation de la dette financière des pays pauvres.
Le cantonnement de la dette Covid ?
Il est question de « cantonner la dette Covid ». Cantonner une dette publique c’est créer une caisse spéciale, destinée à la rembourser, intégralement, intérêts ET principal. Cette dette-là ne roule plus.
Par exemple, l’Etat a créé en 1995, la CADES, Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale, spécialement pour rembourser la dette de la Sécurité sociale. Pour la financer, on a augmenté les impôts avec la création de la CRDS Contribution au Remboursement de la Dette Sociale. D’autres moyens de financement consistent à baisser/supprimer des dépenses, ou à réaliser plus de croissance.
Dans le cas du Covid, le gouvernement déclare miser sur la croissance. Cela sera largement insuffisant : avec un optimiste 1,5% de croissance, il faudrait 50 ans pour baisser la dette de 120 à 110% du PIB. L’Etat va donc dériver vers le cantonnement Covid d’autres ressources, des ressources courantes de la Sécurité sociale.
Le Covid a mis en évidence les énormes inégalités entre les bas salaires de professions essentielles et la concentration de richesses entre quelques mains, ainsi que notre vulnérabilité aux pandémies à venir et au choc climatique.
Nous vous proposons ces deux vidéos dont nous avons pensé qu’elles illustrent utilement cet article :
https://www.dailymotion.com/video/x80hjnx
https://www.youtube.com/watch?v=9MjuojzfMzI&ab_channel=DataGueule
C’est court et édifiant...