CANADA DRY
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CANADA DRY
Brève information entendue samedi 18 avril tôt le matin à la radio :
Au Canada, tout le personnel d’une maison de retraite a purement et simplement fui, par peur du virus, abandonnant sur place les pensionnaires. Lorsque les secours sont arrivés, il ne restait plus que trois soignants pour 180 résidents. D’aucuns tombés au sol et ne pouvant se relever, d’autres n’ayant pas mangé depuis plusieurs jours, d’autres avec leurs couches pleines, et les derniers morts dans leur chambre.
Indignons-nous un bon coup de l’attitude inqualifiable des fuyards. Et puis regardons. Que confirme ce « fait divers » ? Que le comportement des gens, vous et moi compris, dépend de deux groupes de facteurs. Des facteurs internes : les valeurs, la morale, le sens du devoir, etc, etc. Des facteurs externes : les conditions matérielles et sociales dans lesquelles on est plongé au moment de l’action. Et ces deux groupes s’affrontent.
Sauf exceptions, les facteurs externes finissent toujours par l’emporter dans les situations limites. Quand le Titanic coule, quelques saints laissent leur place dans les canots de sauvetage. Mais la règle générale c’est : sauve qui peut, chacun pour soi. Parce que l’Homme veut, incoerciblement, vivre, respirer.
Je rends hommage aux dévouements individuels, mais je crois d’abord en l’action collective pour de bonnes conditions d’existence, pour tous.
Je ne veux pas me retrouver un jour sur un Titanic en train de couler.
Jacques Woda.