Charles l’aurait bien dit !
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Charles l’aurait bien dit !
Ça y est ! On ne dit plus 44ème jour de confinement mais 14ème jour avant le déconfinement.
Le temps s’inverse, du passé faisons table rase et tournons-nous vers l’avenir. Les jours heureux tant promis sont à nos portes, depuis si longtemps fermées aux autres. Quelques jours encore et nous serons libérés. Alors, donnons à ce moment tant attendu des accents gaulliens et reprenons à notre compte (en le modifiant un peu) un discours prononcé par Charles le 25 août 1944, quelques mois avant la libération et l’arrivée du Conseil National de la Résistance, porteur d’un projet humaniste que les gouvernements ont raboté au fil des ans.
Le discours, le discours…
« Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l’émotion qui nous étreint tous, hommes et femmes, qui sommes ici, chez nous, dans nos appartements confinés mais bientôt libérés. Marseillais, tous debout pour défier le virus et qui ont su sans cesse se laver les mains.
Non ! nous ne dissimulerons pas une émotion profonde pas plus qu’un sacré désenchantement qu’une politique pour le moins hasardeuse a suscité. Il y a là des minutes qui dépassent chacune de nos pauvres vies.
Marseille ! Marseille masquée ! Marseille confinée ! Marseille affligée ! mais Marseille libérée ! libérée par elle-même, libérée par son peuple sans le concours des armées, sans l’appui ni le concours du gouvernement de la France tout entière, une France qui se bat, la seule France, la vraie France, la France éternelle, la France d’en bas sans laquelle la vie se serait arrêtée.
Eh bien ! puisque l’ennemi qui tenait Marseille a capitulé dans nos mains propres, l’espoir revient à Marseille, chez toutes et tous. Il y revient renforcé, et bien résolu. Il y revient, éclairé par un long temps de réflexion, et plus certain que jamais, qu’il a le devoir d’inciter chacune et chacun à faire valoir ses droits.
Je dis d’abord devoir, et je le résumerai en disant que, pour le moment, il s’agit d’un devoir d’engager une guerre. L’ennemi chancelle mais il est loin d’être battu. Il reste sur ses positions. Il ne suffira pas que nous ayons, avec le concours de nos chers et admirables alliés, chassé ces gouvernants de chez nous pour que nous nous tenions pour satisfaits après ce qui s’est passé. Nous voulons entrer dans l’histoire comme il se doit, en vainqueurs.
C’est pour cela que l’avant-garde française est entrée à Marseille et partout ailleurs à coups de pétitions, à grand renfort de manifestations.
C’est pour cela que la grande opposition française a débarqué dans le Midi ! et remonte rapidement la vallée du Rhône et touche déjà le Nord.
C’est pour cela que nos braves et chères forces de l’intérieur vont s’armer d’armes modernes.
C’est pour cette nouvelle manche, cette revanche et cette justice, que nous continuerons de nous battre jusqu’au dernier jour, jusqu’au jour de la victoire totale et complète.
Ce devoir de désobéissance, toutes les femmes et tous les hommes qui sont ici et toutes celles et tous ceux qui nous entendent en France savent qu’il exige l’unité nationale. Nous autres, qui aurons vécu les heures les plus bizarres de notre Histoire, nous n’avons pas à vouloir autre chose que de nous montrer, jusqu’à la fin, dignes du changement.
Vive le changement ! »
Dominique Satabin.