Dans la Ville Blanche
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Dans la Ville Blanche
La Revoluçáo dos Cravos dira peut-être quelque chose à certains d’entre vous, une date dans la mémoire des espoirs auxquels nous aspirions après l’horreur chilienne, celle la Révolution des Œillets le 25 avril 1974 qui voyait enfin tomber la dictature portugaise qui serait suivie peu après par celle de l’Espagne de Franco et la Grèce des Colonels.
Les Capitaines d’Avril, ces militaires porteurs d’un projet démocratique avec la mise en place d’un gouvernement civil, l’organisation d’élections libres, la libération des prisonniers politiques et la décolonisation, le monde à l’envers comme la pendule du film d’Alain Tanner Dans la Ville Blanche.
Quand Paul, le marin échoué et confiné de son plein gré dans une pension du port de Lisbonne fait remarquer à Rosa la serveuse et femme de chambre que l’horloge au-dessus du comptoir tourne à l’envers, elle lui rétorque que bien au contraire c’est le monde qui ne va pas dans le bon sens.
Dans la Ville Blanche est un songe arrêté, une errance entre deux femmes, celle que Paul aime déjà et celle qu’il a laissé dans cette Europe du Nord, qui a si peu à voir avec ce Portugal libéré depuis moins de dix ans de la dictature de Salazar, en témoignent les graffitis politiques prônant la révolution agraire qui ornent encore les murs des quartiers populaires.
Un film entre deux villes, l’exubérante et populaire Lisboa et la Genève propre et policée, un film entre le travail et le repos, un film de l’entre deux où Paul cherche en vain une place qu’il ne trouve plus.
Dans la Ville Blanche, c’est un temps différent, une autre façon d’appréhender le pouls de la ville, comme ces jours confinés que nous devons vivre sans les avoir choisis.
"Le pays que je préfère c’est la mer ...", écrit Paul dans une lettre à sa femme alors qu’il prend le train du retour à la gare de Santa Apolónia.
Il faut profiter de ce temps qui est à nous pour découvrir, voir et revoir ce film, et pourquoi pas imaginer ce que sera pour Paul « le jour d’après », un retour à la case départ ou un nouvel horizon à inventer, à vous de choisir finalement.
Hervé Thomas.
Et en guise d’accompagnement cette chanson de Georges Moustaki écrite à l’occasion du 25 avril : https://www.youtube.com/watch?v=TNz34UTfgt8