Et Toc !
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Et Toc !
Tout de même, ce coronavirus aura eu du bon, ne serait-ce qu’en matière de stades anal et oral (les autres stades dont le Vélodrome restent encore fermés !), stades qui n’ont pas été dépassés, loin s’en faut pour bon nombre d’entre nous, en dépit de notre grand âge.
Pensez donc, des années de menaces maternelles, d’éducation sévère et culpabilisante n’auront jamais réussi à me faire me laver les mains avant, pendant et après, comme il se doit quand est un garçon bien élevé respectueux des usages.
Pire encore, les sévices et les humiliations de mon père appliquant sur mes ongles du vernis rouge avant d’aller à l’école ne seront pas venus à bout de mon insatiable onychophagie, ils auront tout au plus cultivé une ambiguïté de plus et le doux plaisir de me travestir à chaque occasion qui se présente.
Quand au curage de nez et à la dégustation de son contenu, il n’en auront jamais rien su.
Et j’ai grandi comme cela, en continuant à changer de slip comme de chemise, c’est à dire pas souvent, jusqu’à ce que je me décide à consulter la très sérieuse Société Psychanalytique de Paris.
Mais foin de freudiens et de lacaniens, fi de cri primal et d’hypnose, rien n’y a fait jusqu’au 17 mars dernier ou, sans traitement aucun, et après des décennies de vilenies, je suis brutalement rentré dans le rang et j’ai rejoint le bêlant troupeau propre sur lui.
Jamais au grand jamais je ne me serai autant lavé les mains pendant ces six semaines que durant tout le reste de ma vie ; je ne mets plus mes doigts à la bouche et les gardent bien droits le long du corps ; quand à l’appendice nasal, même plus question d’y songer.
C’est bien simple je cherche désespérément un thérapeuthe pour me débarrasser de ces nouveaux TOC et de ce syndrome obsessionnel d’hygiène et de propreté qui m’habite depuis nuit et jour.
Si vous en connaissez un, faites-le moi savoir mais s’il vous plaît, gardez vos distances.
Hervé Thomas.