File d’Attente
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File d’Attente
Depuis le début du confinement, c’est tous les jours le même scénario : une file de plusieurs dizaines de mètres se forme devant la Poste des Cinq Avenues bien avant son ouverture, une file tantôt en accordéon, tantôt en grappes, et où la distance qu’on nous demande d’observer n’a jamais été la règle. Une observation attentive nous montre qu’on y retrouve pêle-mêle les timides, les énervés, les résignés, ceux qui estiment devoir de par leur statut passer devant les autres, ceux qui resquillent, ceux qui montent sur leurs ergots en gonflant leurs muscles et pourtant, de l’autre côté des Pyrénées, une autre queue est possible ...
La fila, la cola, el último ? Une question qu’on entend tout le temps en Espagne : il s’agit simplement de savoir où se trouve le bout de la queue, et qui se trouve en dernier pour pouvoir se mettre à sa suite.
C’est ainsi que dans la rue, au marché, à la poste, à l’arrêt du bus ou au distributeur de billets, se forment des queues de la façon la plus naturelle qui soit, avec pour seul objectif commun d’arriver à un point donné pour obtenir quelque chose, et que tout le monde semble respecter d’un tacite accord.
Il ne viendrait à l’idée de personne de créer une deuxième file d’attente qui remettrait en question le bon ordonnancement des choses, de la même façon que les guichets des gares ou les supermarchés eux-mêmes ont intégré ce fait social en installant des écrans indiquant au 1er de la file, le numéro de caisse à laquelle il doit se rendre et ainsi de suite.
Dans notre société de l’immédiateté et des nouvelles technologies, qu’une telle loi non écrite puisse perdurer a quelque chose de surprenant, et je m’interroge sur ce qui peut conduire des gens qui ne se connaissent en aucune façon à adopter une conduite civilisée et attendre simplement sans résignation qu’arrive leur tour.
Serait-ce les quarante années de dictature qui auraient imprimé dans la conduite collective une culture innée de l’ordre et de la discipline ? Je ne le pense pas le moins du monde, et force est de constater que ça fonctionne et que l’attitude des uns vis à vis des autres en est plus détendue, plus respectueuse et plus attentive.
Mais alors où et comment les Espagnols acquièrent-ils un tel comportement à ce point partagé que je n’ai vu nulle part ailleurs et qui n’affecte ni leur exubérance ni leur jovialité ? Et nous, comment avons-nous à ce point perdu le sens commun et le vivre ensemble pour choisir celui du chacun pour soi ?
Et on peut en dire tout autant pour les feux de signalisation et la traversée des routes et des carrefours : chacun attend que le feu soit rouge pour traverser, même lorsqu’à l’évidence, il n’y a aucune voiture à l’horizon … et les véhicules font de même en respectant les piétons.
Lorsqu’on arrive de Marseille ou qu’on a arpenté les rues d’Alger, c’est toute une éducation à refaire, des habitudes dont il faut se défaire mais il y a quelque chose de rassurant à adopter une attitude commune qui n’a rien de moutonnier et qui permet simplement de partager la ville et la vie.
Chiste cubano :
La miseria, camaradas !!!.. La pobreza que he visto en Francia es simplemente inimaginable, para un ciudadano cubano. Las tiendas en París estan llenas de las mas maravillosas mercancías, pero muy poca gente tiene dinero para poder comprarlas.
– ¿ Y cómo sabes que no tienen dinero ? pregunta alguien. A lo que responde. - No he podido ver ni una sola cola...
Hervé Thomas.