Fin de partie ?
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Fin de partie ?
C’est dit : « la levée progressive du confinement peut être engagée le 11 mai (…) et concerne les industries, les commerces et les services ». Et les établissements scolaires. Une reprise – et non une rentrée, entend-on préciser – basée sur le volontariat et les contraintes sanitaires. Alors que les protocoles de protection sont sans cesse revus à la baisse par le ministère concerné. Malgré l’avis négatif du Conseil scientifique et les doutes des parents d’élèves, des enseignants et personnels communaux. On se demande quelle peut être la justification d’une réouverture si rapide, ou plutôt on ne se le demande pas : le gouvernement a besoin d’une garderie qui permette une remise en route rapide de l’économie. Tous les parents n’auront pas le choix, ils agiront selon leur emploi. Tous n’ont pas la possibilité de bénéficier de moyens de garde alternatifs ou de reprendre leur activité en télétravail. Les quartiers populaires, qui produisent les valeurs marchandes et permettent à l’économie de marché de fonctionner n’ont pas été épargnés par l’épidémie et ses conséquences. Ils ne le seront pas moins par cette réouverture prématurée des écoles de leurs enfants. Ce n’est qu’un exeat supplémentaire au tri social en œuvre depuis des décennies, une accentuation des « inégalités de caste », sans parler de la maltraitance faite à l’égal accès aux savoirs qui devrait guider toute réflexion sur l’éducation.
On pourrait encore en dire long sur l’absurdité de ce déconfinement très loin d’être intelligemment planifié. Sur le port obligatoire du masque dans les transports, alors qu’ils font partout défaut et où le contrevenant sera gratifié d’une amende de 135 euros par des contrôleurs assermentés malgré eux. Dix ans après la promulgation de la loi sarkozyenne du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public.
On pourrait dénoncer indéfiniment les mensonges, les manquements et la confusion des pouvoirs publics dans la gestion de cette crise. Le peuple français l’a fait durant deux mois, banderoles aux balcons, trompettes aux fenêtres et rassemblements virtuels, une agora aérienne et assonante qui salue la vertu de l’humanisme comme notre bien commun.
Pascale COMPTE 9 mai 2020.