Fou Track ou l’imagination au pouvoir !
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Fou Track ou l’imagination au pouvoir !
Incapable de fournir des masques, des appareils respiratoires, des tests and so on, les premiers de cordée nous annoncent une nouvelle aventure : le « tracking » ou traçage des données mobiles. Le « Stop Covid » serait l’arme fatale qui va nous protéger du Covid-19, capable d’identifier « les chaines de transmission » du virus en retraçant « l’historique des relations sociales » !
Cédric O, secrétaire d’état au numérique, en causait ce matin sur le poste de la France Inter. Peut-être n’étais-je pas bien réveillé, le confinement bouleverse mon biorythme, mais à l’entendre, j’ai cru comprendre qu’il s’agissait d’un projet, en cours de développement et en phase exploratoire. Optimiste, Cédric O indiquait un délai de six semaines pour que cette application nous arrive, mais si l’on tient compte du délai d’acheminement des masques et du reste, on peut légitimement penser que ce délai ne sera pas respecté. Il est à noter que les coréens du sud utilisent une application analogue depuis le début de cette crise sanitaire, sûrement parce qu’ils savent anticiper, une qualité qui manque apparemment à nos gouvernants.
Mais cette absence d’anticipation n’est peut-être que la conséquence d’une difficulté majeure à prendre des décisions. Il faut laisser le temps de la réflexion à nos premiers de cordée. Il leur faut aussi accorder leurs violons. Castaner, après avoir dit que le gouvernement ne souhaitait pas son développement au motif que ce n’était pas dans la culture française est revenu sur cette position. Dix jours auront été nécessaires à ce revirement.
La technique retenue serait l’usage du Bluetooth qui suppose, si j’ai bien compris, que deux personnes se soient croisées pendant un certain temps et de façon rapprochée ! Ne nous a-t-on pas dit que le « contact social » était à proscrire car cause majeure de contagion ? Or ce rapprochement s’impose pour que le téléphone de l’un enregistre les références de l’autre dans son historique, l’objectif étant de prévenir tous les contacts d’une personne atteinte par le virus. Oui mais, Edouard l’a bien précisé : cela ne peut se faire que sur « une base volontaire ». Si j’adopte cette application, je ne devrais donc me rapprocher que de ceux qui auront fait le même choix, sans savoir si celles-ci ou ceux-ci ne vont pas me contaminer ! Et si je me suis approché d’un contaminant, j’aurais l’obligation d’être confiné, ce qui est déjà le cas et serais testé, oui mais sous réserve que des tests, il y en ait !
On connaît les déboires de certaines applications initiées par tel ou tel ministère, ce qui me rend encore plus dubitatif quant à la pertinence de ce choix. Et puis, je n’aime pas trop la dimension intrusive de ce « Stop Covid » dont Cédric O et ses copains me garantissent qu’elle n’attentera pas à ma liberté. Bien des restrictions provisoires au motif de la lutte anti-terroriste ont pris définitivement place dans le droit commun. Pourquoi en serait-il autrement demain et quelle confiance accorder à ce gouvernement qui n’a de cesse de détricoter tous les acquis sociaux au profit des plus riches dont ils ne sont que les laquais ?
« On vit une époque formidable » (Reiser) mais « le pire est encore à venir » (Wolinski).
Dominique Satabin.