Huit heures du soir, Marseille
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J’attends avec impatience ce moment.
Vingt heures, je sors sur le balcon, et j’applaudis, quelques- uns dans mon immeuble aussi, je vois leurs mains en contre-bas, un peu plus dans l’immeuble voisin.
ça tient peut-être au fait qu’il y a plus de résidents stables, en face, plus d’appartements habités par des familles, plus de raisons pour eux de se sentir solidaires des autres,ça vaudrait le coup d’étudier ça , après..
Je ne crois pas que cela tienne à l’âge car j’aperçois des personnes très âgées , de notre côté, j’ai envie de les embrasser, elles ne sont pas si vieilles, puisqu’elles sont encore " en lien", en "empathie", bref dans la chaîne et pas déjà à moitié parties.
Je sais que quelqu’une en face va se mettre, brièvement à chanter, une chanson des mondine ( ouvrières agricoles saisonnières du riz, en Italie du Nord, entre le IXXème et le début du XXème, pour ceux qui par extraordinaire ne le sauraient pas), une de ces chansons qui se chantent avec les tripes , et quand ce n’est pas le cas,quand ça tombe dans la mode, ce n’est même plus la peine d’en parler.
Mais la voix de ma voisine inconnue est vibrante, pas affectée pour un sou, c’est sa façon de rendre hommage à nos soignants.
Nos soignants:en première ligne, encensés par ceux qui les maltraitent depuis des années , qui ont soumis l’hôpital à la loi du marché .
Et je pense à ce proverbe africain : " l’argent est bien, mais l’Homme est mieux, parce qu’il répond quand on l’appelle".
Alors, quand ma voisine chante, c’est pour moi, à part les coups de fil de ce bon vieux téléphone que certains redécouvrent, le meilleur moment de la journée.
C.F.