Jour 7 - un jardin
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Jour 7 - un jardin
Il y a un jardin partagé, un peu oublié par la Mairie où je pouvais encore aller (seule) en deux coups de pédales la première semaine du confinement.
Assise sous l’olivier, à regarder quelques mésanges, beaucoup d’abeilles et même un papillon, je profitais du silence chuchoteur et de quelques conversations douces qui venaient des jardins particuliers, dans cet amphithéâtre de maisons heureuses. Au pied d’Endoume : maisons de famille cossues, grandes fenêtres, et donc jardins arborés qui dissimulent quelques chaises d’extérieur, à l’ombre l’été, au soleil doux l’hiver. Je regardais ces fenêtres de maison, et comptais les ouvertes et les fermées. 50/50 à peu près.
J’avais peur que derrière celles ouvertes, se cache une vieille égoïste qui ait tellement peur du virus qu’elle appelle la police pour signaler ma présence illégale dans le jardin qui n’est plus partagé. Puisqu’il advient, maintenant, dans les commissariats, qu’un planton est préposé à répondre au téléphone à tous les délateurs !
Et je m’écoeurais de toutes les fenêtres vides. De toutes ces maisons merveilleuses, grandes, lumineuses, pourvues de verdure et d’espaces au grand air où combien de gamins de Noailles auraient pu s’ébattre, auraient pu se confiner dans des Eden pendant cette période traumatique pour eux.
Mais non, 50% de ceux d’Endoume ont sûrement des maisons ailleurs, bien plus belles, bien plus grandes, des campagnes provençales, avec de grands parcs… toute l’élite friquée s’est heureusement réfugiée dans des lieux enchanteurs où elle crée des jeux pour les enfants « comme si »… on était la belle au bois dormant…
Et leurs maisons fleuries d’Endoume ou d’ailleurs sont fermées.
Tous ces voisins fuyards n’ont pas pensé à proposer aux voisins confinés les clés de leurs apparts à terrasse, de leurs maisons à jardin. Qu’ils confisquent Marseille pour l’habiter, on le savait. Mais qu’ils la confisquent pour la déserter, c’est mon cauchemar de ce matin.
Marie Louvie