La Métamorphose
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La Métamorphose
Force est de constater que depuis le début de la semaine, la Chronique des Jours Confisqués se meurt lentement et qu’il est peut-être temps de l’enterrer faute de combattants.
Lancée dans la foulée du confinement le mardi 17 mars, elle a joui de plus d’une quinzaine de contributeurs - pensez donc, 169 articles au rythme de cinq à six par jour, jamais le site marseillais n’en avait vu autant en plusieurs années d’existence ! - et rassemblé certains jours plus de mille visites, bien au-delà de ce que nous n’aurions jamais pu espérer.
Il y a celles et ceux qu’on ne connaissait pas et qu’on découvrait, celles et ceux dont on savait qu’ils avaient des choses à dire et qui ne s’en sont pas privés, mais il y avait surtout les fervents lecteurs qui en redemandaient chaque fois encore plus.
Curieusement, les plus enclins habituellement à se battre becs et ongles pour changer la virgule d’un tract qu’ils avaient eux-mêmes rédigés, ceux-là sont restés étrangement muets, comme si sortis de la routine militante habituelle et de son cortège de rites et de pratiques, l’imagination, le bouillonnement des idées et des sentiments les avaient soudain déserté. « Derrière les slogans, le néant » disait François Béranger dans sa chanson Participe Présent et cela n’a jamais été autant d’actualité. Où sont donc passés les purs et durs des premiers rangs ?
Aujourd’hui certains se sont lassés ou d’écrire ou de lire, d’autres ont quitté Marseille, j’en connais qui après plus de six semaines dépriment seuls ou en groupe, et puis bonheur suprême il y en a qui ont découvert qu’en dehors des réunions presse bouton qui remplissent notre néant quotidien, nous recelions en nous une richesse qui en valait la peine et que c’était l’occasion où jamais de faire le point sur nos désirs, sur le temps qu’il nous reste à vivre avec ou sans Covid-19.
Peut-être que de la même façon qu’il faut savoir arrêter une grève, il faut savoir arrêter une chronique quand elle n’a plus assez de vie pour la faire chanter.
Alors qu’est ce qu’on fait Camarades ? On agonise, on ressuscite ou on se métamorphose ?
Hervé Thomas.
Pour écouter la chanson de François Béranger "Participe Présent" :