Lavandières et Bugadières

vendredi 24 avril 2020
par  Hervé Thomas
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Texte 13, Jour 38, 23 Avril 2020, lavandières et bugadières

Nous avons évoqué le savon ( de Marseille, bien entendu) dans ces pages, n’oublions pas de rendre hommage à celles qui en usaient tous les jours, sans qu’on leur demandât , voire en faisaient leur métier : les lavandières, ou bugadiéres.

Lavandières ou bugadières ?

Certains réservent le terme de bugadière à la lessiveuse qui servait à faire bouillir le linge, ou à l’ouvrière qui travaillait en buanderie : la buandière ; d’autres font de bugadière le synonyme de lavandière.

Voyons donc ce que dit Mistral, dans le Trésor ( référence commune et incontestée) :

Bugadiero= buandière, lavandière, blanchisseuse.
Lavandiero= qui fait le premier blanchiment des toiles neuves

La bugado / bugada, c’est la lessive ; vient de bouc, trou du cuvier à lessive ; celui-ci se nomme bugadié / bugadier ou tinèu de bugado .

La buanderie est la bugadarié, ou lou couladou / lo colador

A Marseille, les fontaines et les lavoirs permettaient à toutes celles qui n’avaient pas de lavoir chez elles ( dans la cour ou le jardin, comme on en voyait beaucoup à la Plaine, par exemple), d’aller laver « au lavoir »( lou lavadou / lo lavador, ou lavandou) avec eau chaude et cendre, plus tard avec le savon ( de Marseille, je ne le dis plus, c’est comme l’huile , forcément d’olive...).

Le savon , mais aussi le battoir, et la caisse, parfois garnie de paille, lorsqu’il s’agissait d’aller à la rivière ou que le lavoir, rustique, était au ras du sol...
Mais en ville, il était le plus souvent surélevé et, dans le meilleur des cas, couvert, à deux bassins séparés , et muni d’un bâton d’étendage.

Dans le quartier du Panier (corse et italien avant tout), il y en avait un sur la place de Lenche, un autre place de Lorette, un à la cour des miracles, rue Guintrand ; deux plus petits réservés aux familles d’ouvriers, rue Baussenque et rue du Refuge ; on y lavait les bleus des marins, le linge des charbonniers ou des peintres du bassin de carénage : du linge sale.

Il y avait aussi celui de la place des Moulins, réservé au beau linge ; hexagonal, avec deux bacs sur chaque côté, c’était le lavoir des bugadières de métier, tout comme le lavoir des Fleurs, rue Beauregard.

Il y en avait un dans la cour de la vieille Charité, laquelle servit d’habitat social, jusqu’en 1962.

La lessive pouvait parfois se faire à la maison, on l’étendait d’un côté de la rue à l’autre, à l’aide d’une tyrolienne, en alternance avec la voisine d’en face...
A part le savon, on pouvait utiliser la saponaire officinale ( plutôt à la campagne), ou le lavandin, pour parfumer et désinfecter le linge.

Quelques proverbes pour finir :

A bona bugadiera, non manca péira a la ribiera ( une bonne lavandière fait feu de tout bois pour bien laver son linge).
Metre sa peira a la bugada ( se mêler indiscrètement à la conversation).
Metre sus la bugada : verser de l’eau chaude : accumuler les dettes, ou les fautes. Levem bugada !( finissons-en !).

Christine Findal.


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