Lettre à Emmanuel…
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Lettre à Emmanuel…
Monsieur le Président,
Je veux d’abord vous dire mon admiration quant à votre capacité à manier le flou grandiloquent, un genre qui s’affirme dans chacun de vos discours ! Je suis certain qu’il restera pour la postérité comme le « style macronien[1] ».
Bien sûr, c’est avec humilité que vous ne vous engagez sur rien et d’ailleurs, comment le pourriez-vous au regard de l’inconstance des avis éclairés sur lesquels vous fondez vos décisions ? Des masques d’abord inutiles seront demain obligatoires, quand il y en aura. Des tests jusqu’alors superflus seront pratiqués à grande échelle, quand il y en aura. Des services de santé jusqu’alors sacrifiés sur l’autel de la finance verront leurs moyens renforcés, quand il y en aura. Des populations les plus modestes ignorées jusqu’alors à qui vous allez octroyer des aides, attention à ne pas y consacrer un « pognon de dingue ». Je ne poursuivrais pas cette litanie des sujets qui, comme vous l’avez dit, imposeront de penser notre avenir autrement mais comme vous, je suis certain qu’il va falloir que ça change !
Il y avait toutefois dans votre discours un élément concret, la fin du confinement le 11 mai, quoique ? Cette date, qui ne colle avec aucune commémoration connue, alors qu’on vous sait friand des moments mémoriels, m’a surpris ! A écouter vos ministres ce matin, je comprends bien que ce n’est qu’une étape. La sortie du confinement ne concerne apparemment pas tout le monde ! Entre autres, les personnes en situation de handicapes sévères, celles qui souffrent de maladies chroniques resteront enfermés comme les personnes âgées. Et là, je ne sais pas si je dois me sentir concerné ?
Sexagénaire à la retraite, suis-je vieux ? Quel est l’âge pivot pour sortir sans malus du confinement ? En plus, je cumule vieillissement et asthme. Cela va-t-il m’imposer un confinement à durée indéterminée ? Pour tenter de me protéger, j’ai décidé de fumer plus qu’habituellement puisque certains ont remarqué que le tabac semble avoir des vertus protectrices contre le virus. Cette pratique, dont j’avoue qu’elle est fumeuse, me permettra-t-elle une autorisation de sortie à partir du 11 mai ? Enfin, pour vous montrer à quel point je suis attentif à vos prescriptions, je porte déjà un masque fait main par ma tendre épouse qui, elle, avait anticipé.
Soyez assuré que je suis prêt à "poursuivre [mes] efforts et continuer d’appliquer les règles". Je serais civique, responsable, respectueux des règles, mêmes ambiguës, pour que la propagation du virus continue effectivement à ralentir.
Alors, Monsieur le Président, en attendant les jours meilleurs que vous nous promettez et de retrouver des jours heureux, je sollicite de votre bienveillance si fortement affirmée dans votre discours, une réponse concrète à mon interrogation, comme j’apprécierais des réponses concrètes à toutes les questions économiques, sociales et environnementales que nous nous posons toutes et tous.
Dominique Satabin.