Maraude verbale
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Maraude verbale
Jours confisqués obligent, ce matin j’étais au téléphone avec psy, je sais, certains diront pff, ou on s’en fout, ou les abonnés du peigne-cervelle y’en a marre surtout en ce moment on a autre chose à penser, avec ma psy donc, à raconter tous les gros et petits soucis, les miens et ceux des autres, ceux de Tristan Egolf qui n’est pas un ami mais qui me turlupine quand je le lis, ceux des migrants qui comme d’habitude et plus encore en ce moment se retrouvent en première ligne, ceux qui sont confinés dans la rue, les poches de faim dans les quartiers populaires autant dire les quartiers nord, les verbalisations excessives des maraudeurs mais aussi les soucis des femmes qui doivent supporter les violences de ceux qu’elles ne parviennent pas à quitter et pour cause elles ramassent, du coup j’ai eu envie de lui chanter l’hymne féminin, mais quelle idée chanter debout de-e-bout debout dans un moment pareil, on n’est pas en manif on peut pas, c’est exaspérant quand on a envie de brusquer le monde sidéré, le mettre en mouvement la rage au cœur, pas taper sur des casseroles à heure fixe mais cracher sa rage et agir nom de Zeus et ma psy a dit « bon », comme elle dit quand elle arrête la séance, comme tous les psys disent en général, mais elle a rajouté, après « bon », elle a rajouté la femme est toujours debout et elle a raccroché. J’ai repris mon souffle et appelé mes copines maraudeuses.
Louise Édouard
7 avril 2020