Ne dîtes pas confinement, dîtes assignation à résidence pour tout le monde !
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Ne dîtes pas confinement, dîtes assignation à résidence pour tout le monde !
Joël Martine
Je rêve d’un confinement intelligent. Je rêve d’un vrai plan de dépistage, car les actes interdits ou permis au titre du confinement ne devraient pas être les mêmes selon que vous êtes contaminé.e ou pas … il faudrait de l’éducation populaire là-dessus… autre chose que des appels dans le style « soyez citoyens, restez chez vous ».
Dépistage : pourquoi n’utilise-t-on pas pour les humains les services vétérinaires qui ont la capacité de faire des tests en grandes séries ? La faute aux blocages réglementaires ? aux lenteurs bureaucratiques à la française ? mais il paraît qu’on est en guerre… Enfin, ils vont peut-être s’y mettre. Il doit forcément y avoir des gens qui freinent… Qui a intérêt à freiner la mise en place d’un plan systématique de dépistage ?
Si le confinement n’est pas intelligent, s’il n’est pas accompagné d’une éducation populaire pour que les gens comprennent l’efficacité de leurs gestes, et s’il n’est pas solidaire, et si les gouvernants ne donnent pas l’exemple de la sincérité pour que les gens aient confiance, qu’est-ce qui reste comme pédagogie du confinement ? La peur du gendarme. Je ne dis pas que la peur du gendarme n’est pas utile, mais ça ne remplace pas une expérience intelligente de la prévention collective et de la solidarité. D’après les infos qu’on a, il y a des pays où le gouvernement a beaucoup plus fait confiance aux gens pour un confinement raisonné et différencié : la Corée du sud, le Portugal ...
En France on n’a pas droit à un confinement intelligent, par contre on a droit à un confinement harcelant.
Un petit exemple : à Marseille des policiers sont venus voir des Roms dans un bidonville pour leur dire qu’ils n’avaient pas le droit de quitter leur domicile. C’est juste du harcèlement, le domicile en question étant sans eau ni électricité.
Un autre exemple (rapporté par un journal complotiste bien connu : https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-un-helicoptere-de-nuit-pour-faire-respecter-le-confinement-en-loire-atlantique ) : à Nantes des contrevenants, en fait des collègues de travail qui buvaient une bière dehors ensemble à la sortie de leur journée, ont été repérés en vision infra-rouge par hélicoptère, interpellés par des flics, menacés par armes, fouillés au corps, insultés et traités de terroristes, toutes choses sans grande efficacité en termes de prévention de l’épidémie, mais ressemblant beaucoup à la répétition d’un scénario de guerre psychologique contre la population. (Il faut dire que le préfet de Nantes est un habitué, mais Castaner ne doit pas être au courant).
Pour d’autres exemples, voir https://reporterre.net/Au-nom-du-coronavirus-l-Etat-met-en-place-la-societe-de-controle .
On est dans la continuité des expérimentations autoritaires : en 2015, au titre de l’état d’urgence anti-terroriste, les « assignations à résidence » ont frappé non seulement des personnes qui par leur milieu pouvaient connaître des djihadistes, mais aussi certains militants écologistes au moment de la COP21 (avec obligation de pointer plusieurs fois par semaine au commissariat le plus proche, parfois à des dizaines de kilomètres sur les routes de montagne). Il s’agissait juste de montrer que la police était capable de harceler n’importe qui.
Aujourd’hui on a les « autorisations de déplacement dérogatoire », un perfectionnement de la méthode des contrôles d’identité à répétition déjà appliquée contre les populations de banlieue : le prétexte n’est pas le même mais les outils légaux ou illégaux de harcèlement sont renforcés et la population menacée est plus large. En plus c’est pédagogique : il faut faire ses pages d’écriture tous les jours sous peine d’amende.
Pourquoi est-il interdit de remplir l’attestation au crayon ? Pourquoi est-il interdit d’aller à plus d’un kilomètre de son domicile ? Et de faire du vélo ! Je comprends qu’on interdise localement l’accès à des plages où de nombreuses personnes vont s’asseoir successivement aux mêmes endroits, mais pourquoi une interdiction à l’échelle nationale d’aller au bord des rivières ?
Les règles du confinement servent-elles plutôt à contrôler la transmission du virus ou à contrôler les gens ?