Quotidien
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Quotidien
Les journées des confinés se ressemblent comme les grains d’un chapelet égrenés sans fin définie et sans pause après chaque dizaine. Comment apprivoiser cette sensation du même et organiser ces journées sans horaires, ces semaines sans week-end ? Rude défi de l’éternel retour. Alors, chacun se débrouille, tâtonne, alterne selon le temps, son humeur, ses ressources. Les uns ont ralenti le rythme infernal du travail, d’autres l’ont accéléré, certains ont fait un pas de côté, d’autres bricolent ou tuent le temps à petits feux, cuisinent ou s’engagent dans des rangements. Côtoyer ou apprivoiser l’ennui, se mettre au ralenti ou plonger dans la suroccupation, c’est selon. A chacun son quotidien, tant mal que bien.
Le mien (je fais mon Alfred) est composé de rituels (les cinq tibétains au lever), de rendez-vous radiophoniques (la master class sur France Culture), de moments partagés (les coups de fil prolongés), de pauses (la marche rapide affectivo-sportive et tendrement distante), d’esquives (des nouvelles qui n’en sont pas et de la litanie morbide des statistiques), de précautions (ne pas se laisser submerger par les sollicitations), d’emportements (mais pour qui ils se prennent ? Et comment ils nous traitent !), de doutes (n’en font-ils pas trop ? N’en fais-je pas assez ?), d’oubli (les baguettes sorties du four, les cafés en terrasse), de vertiges (on est où là ? Et on va où ?) et aussi d’écritures. Heureusement.
José Rose.