Travail contraint
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Travail contraint
Pendant ces temps confinés, les petits travailleurs infatigables poursuivent leur mission. « Quand on est abeille, pas d’histoire, il faut aller butiner » écrit Michaud. Même si les fleurs sont toxiques et si ce n’est pas commode d’aspirer le suc avec un masque. Alors les soignants soignent, les éboueurs ébouent, les livreurs se livrent, les caissières encaissent, les conducteurs conductent et les écriverons écrivent. C’est une seconde nature, une contrainte intégrée, une nécessité aussi. Les métiers dévalorisés sont ainsi montés en première ligne et l’on a redécouvert leurs vertus, les sales boulots ont retrouvé un peu de noblesse, les « régimes spéciaux » stigmatisés par les contempteurs des régimes de retraite sont devenus des rouages essentiels. Même les fonctionnaires ont retrouvé la cote, les enseignants ça va sans dire (vous n’imaginez pas la galère pour faire la leçon à nos deux enfants) mais les autres aussi. On se prend même à regretter d’en avoir drastiquement réduit le nombre. D’ici à ce que l’on les revalorise, il n’y a qu’un pas. Encore faudra-t-il l’accomplir quand l’effort de guerre sera passé.
José Rose.