Une illumination matinale
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Une illumination matinale
Aux amis qui me demandaient si je m’ennuyais, je répondais le plus souvent : « Non, mais je m’occupe diversement : je m’invite à ma table en me préparant de bons petits repas ... ». (je précise que je vis seule…)
Ce matin, je constate que je n’ai rien à cuisiner : j’ai au frigo deux plats de légume, un reste de viande déjà cuisinée…
Que faire ?
Je décide d’écrire et je prends le matériel nécessaire (livres, papier, crayon) ; je m’installe à la cuisine en délaissant le bureau où trône l’ordinateur.
Soudain je prends conscience qu’ainsi je fuis la partie de l’appartement qui est actuellement dans l’ombre (façade ouest) au bénéfice de la partie ensoleillée (sud-sud est le matin).
Et du même coup, je comprends cette mystérieuse mais impérative envie de cuisiner tous les matins. Il ne s’agit pas d’un soudain intérêt pour la cuisine, d’un ardent désir de tester de nouvelles recettes (même si c’est cela que je me suis dit et que j’ai affirmé à mes amis), mais bien plutôt d’une irrépressible attirance vers le soleil, qui se confirme par le fait que je lis les mails et utilise l’ordinateur dans le bureau l’après midi, plein ouest, en proie à un irrépressible héliotropisme.
Ce qui donne bien raison à l’auteur de l’Ethique (3° partie) lorsqu’il écrit : « ...d’où il suit que les hommes, quand ils disent que telle ou telle action du corps a son origine dans l’esprit qui a de l’empire sur le corps, ne savent pas ce qu’ils disent et ne font qu’avouer ainsi en termes spécieux qu’ils ignorent la vraie cause de cette action et ne s’en étonnent pas ».
Josiane Teissier.