Le financement de la destruction du climat : pas avec notre argent !
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Le compte n’y est pas : les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter à un rythme soutenu, les États ne tiennent pas leurs engagements et accordent des subventions, aides ou prêts à l’industrie fossile.
Les banques et les compagnies d’assurances soutiennent massivement les projets destructeurs du climat.
Maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1.5°C, c’est à dire une terre vivable et vivante, impose de stopper ces financements à leur source : pas un euro de plus ne doit aller vers les activités destructrices du climat. Les financements doivent être intégralement réorientés dans le soutien à la transition vers des sociétés justes et durables.
Ouragans, incendies, fonte des glaciers, inondations, records de chaleur... se multiplient.
Pour respecter l’objectif de 1,5 degrés de réchauffement fixé par l’Accord de Paris, il est impératif de réduire radicalement les émissions de gaz à effets de serre et donc de laisser inexploitées 80% des réserves d’énergie fossile (gaz, charbon, pétrole), ... et bien sûr ne pas ouvrir de nouveaux chantiers d’exploitation !
Or, des sommes colossales continuent d’alimenter la recherche et l’exploitation des énergies fossiles.
Les banques continuent d’utiliser notre argent pour financer la destruction du climat.
Ainsi, de 2015 à 2017 :
- Société générale a investi 6 milliards d’euros dans les énergies fossiles dont plus de 2,5 milliards pour l’exportation de gaz liquéfié.
- BNP Paribas a investi 6 milliards d’euros dans les énergies fossiles dont près de 1,7 milliards pour les forages pétroliers en mer.
- Crédit agricole a investi 4,2 milliards d’euros dans les énergies fossiles dont 800 millions dans les centrales à charbon.
- HSBC, banque anglaise (450 agences en France) a investi 12 milliards d’euros dans les énergies fossiles dont près de 4,2 milliards pour les forages pétroliers en eaux profondes.
En 2016, année suivant la COP 21 et l’accord de Paris, les banques avaient diminué leurs financements aux énergies fossiles. Ils sont repartis à la hausse.
Les financements des banques aux énergies fossiles ont augmenté de 11 % entre 2016 et 2017 pour atteindre 115 milliards de dollars, révèle un rapport publié le 28 mars 2018 par 56 ONG.
A elles seules, les 36 plus grandes banques internationales ont injecté en 2017 plus de 100 milliards d’euros dans les 30 plus grosses entreprises des secteurs des sables bitumineux, des forages pétroliers en Arctique et en eaux profondes, des mines et centrales de charbon et de l’exportation de gaz liquéfié.
Loin de vouloir laisser 80% des énergies fossiles sous terre, le monde de la finance et les multinationales de l’énergie investissent dans de nouveaux projets : le film Irrintzina (bravo aux réalisateurs marseillais) montre remarquablement le cri des militants devant la folie criminelle des sociétés pétrolières et de forage, réunies à Pau, pour exploiter de nouveaux gisements par 3 000 à 6 000 m de fond sous la mer. Aujourd’hui, c’est Total qui est autorisé à mener une campagne d’exploration pétrolière au large de la Guyanne.
Plus près de nous, c’est un projet gigantesque Gazoduc STEP/MidCat qui prévoit dans sa première phase, la construction de centaines de kilomètres de gazoduc pour relier le sud de la Catalogne sud, au sud de la France avec des stations de compression à Montpellier, St Martin de Craux... L’Union européenne a octroyé le statut de « projet d’intérêt commun » Compagnies incriminées : Enagas, GRTgaz
Ces projets climaticides, reposant sur de beaux montages bancaires, et ces nouvelle infrastructure nous enfermeraient dans une trajectoire fossile pour des décennies.
Face à l’urgence climatique et la menace d’une nouvelle crise financière, nous n’avons plus le luxe d’attendre.
Mobilisons-nous pour que les banques et les institutions publiques ne fassent plus n’importe quoi avec notre argent.
Objectif : sortir des milliards d’euros des industries toxiques pour les orienter vers un pôle bancaire public écologique et solidaire placé sous contrôle citoyen.
Deux jours après la publication du rapport du GIEC, Attac France et 350.org ont lancé une seconde phase de la campagne #PasAvecNotreArgent avec notamment une pétition et un outil d’interpellation.
Son objectif : faire en sorte que les 106 milliards d’euros collectés sur les 23,9 millions de livrets de développement durable et solidaire (LDDS) ne servent plus à financer des projets de soutien aux énergies fossiles et aux industries toxiques [1]
Vous possédez un Livret Développement Durable et Solidaire ?
Demandez directement à votre banque comment votre épargne est utilisée.
https://france.attac.org/se-mobiliser/pasavecnotreargent/article/je-demande-a-ma-banque-sur-twitter-ce-qu-elle-fait-de-l-argent-du-ldds
Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) (comme le Livret A et le Livret d’épargne populaire), fait partie de l’épargne réglementée par les pouvoirs publics, ce qui permet de bénéficier de placements sûrs, à des taux d’intérêt plafonnés mais indexés sur l’inflation et dont les intérêts versés sont exonérés d’impôt et de prélèvement social. Le montant total de l’épargne placée par les français·e·s sur les 23,9 millions de LDDS s’élevait à 106 milliards d’euros en juin 2018. Cette épargne réglementée est censée être utilisée pour des investissements à long terme en faveur du logement social, des collectivités locales, des PME ou de la transition écologique.
Mais est-ce vraiment la réalité ?
Non !
La campagne ciblera la Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui centralise 60% des fonds du LDDS, afin qu’elle désinvestisse des énergies fossiles. C’est aussi une manière de cibler le gouvernement, qui contrôle à 100 % la CDC. Des actions seront également menées contre les grandes banques qui commercialisent le LDDS et qui gardent 40 % de la collecte du livret, car il est aujourd’hui impossible de s’assurer qu’elles ne se servent pas de cet argent pour financer des industries toxiques.
Les grandes banques et la Caisse des dépôts et consignations (CDC) collectent et gèrent l’argent du LDDS de manière opaque. Seule une petite partie de cet argent financerait réellement la transition écologique, les travaux d’économie d’énergie dans les bâtiments anciens ou l’économie sociale et solidaire.
Pire, les banques et la CDC sont incapables de garantir que l’argent du LDDS n’alimente pas les 200 multinationales responsables de 90% des émissions de gaz à effet de serre, cause majeure des dérèglements climatiques. Un rapport publié en décembre 2017 par 350.org et l’Observatoire des multinationales démontre que la CDC investit massivement dans des multinationales du secteur des combustibles fossiles telles que Engie ou Total et notamment dans 12 projets particulièrement polluants et dangereux pour le climat et les communautés.
Louis Rousseau (5 novembre 2018)
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