Le Président et les Amish ou la 5G expliquée aux nuls
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Le Président et les Amish
Ou la 5G expliquée aux nuls
« Les cons ça ose tout : c’est même à ça qu’on les reconnaît …. » cette citation extraite des inoubliables dialogues conçus par Michel Audiard fera-t-elle encore sourire les générations nourries dès leur naissance a la « daube » de la communication commerciale ? Dans ce domaine, notre gouvernement ose beaucoup. Nous aurait-il pris pour des personnages à la Audiard ?
Aveuglement technocratique ou calcul politique ? Dans l’impuissance de la science du moment à maîtriser les conséquences autant sanitaires qu’économique d’une pandémie, dans notre civilisation rendue fragile par ses excès collectifs, cette ode à la modernité à tous prix et sans contrôle populaire a quelque chose de dérangeant.
Certes, notre Président a de bonnes fréquentations : Il connaît bien Thierry Breton, qu’il avait déjà croisé à Bercy en 2005 au début de sa carrière puis plus tard dans les salons cossus de la banque Rothschild, avant qu’il ne devienne PDG d’ATOS. Il le connaît assez en tout cas pour l’envoyer à Bruxelles comme Commissaire au marché intérieur avec dans son portefeuille les domaines des données, de l’intelligence artificielle, de la 5G, de la défense et des technologies spatiales. Il n’y a rien donc d’étonnant à ce que cet encore jeune Président élevé dans le cocon de la banque et de l’énarchie porte un intérêt particulier au secteur de la 5G, même si, au milieu des autres sujets son titre et son contenu suscitent quelques interrogations.
ATOS, entreprise de services numériques (ESN) multinationale française présente dans 70 pays fait partie du groupe de multinationales chargé de piloter le partenariat public-privé 5GMED, qui a pour projet de saisir les opportunités d’innovation matérielle 5G et de valider les écosystèmes 5G pour la mobilité automatisée (CAM) le long de trois nouveaux corridors transfrontaliers européens. Le groupe conduit des tests pilotes dans les chemins de fer et les autoroutes entre Figueres et Perpignan mais ce ne sont pas ses seuls talents : ATOS par exemple, contrôle les 6 entreprise choisies pour produire les compteurs Linky : Landis&Gyr (Suisse), Ytron (USA), Sagemcom (France), Ester (Allemagne) et Ziv (Espagne).
Petit détail : Dans l’Union Européenne, ATOS est sous le contrôle certainement très vigilant du commissaire européen Thierry Breton, ex PDG d’ATOS mais ne croyez pas que les autorités françaises ont perdu de vue cette entreprise dynamique : Edouard Philippe, ci-devant le tout récent ex-premier ministre de Emmanuel Macron vient d’être nommé administrateur dans le conseil d’administration de ATOS.
Voici, ne croyez-vous pas, deux magnifiques exemples de pantouflage et de rétro-pantouflage méritant d’être noté dans les archives mémorielles de la coopération public-privé dans l’ère macronienne ?
Mais au fond, à quoi servira la 5G ?
On vous l’a déjà dit, mais vous n’écoutez pas !! : A désengorger les télécommunications, car la 4G sature, notamment en raison du confinement. … seulement c’est faux : S’il y a encore des zones blanches en France et des secteurs en saturation, c’est d’abord un problème d’investissements, pas de technologie et l’arrivée de la 5 G, qui vous obligera à changer votre téléphone n’est sans doute pas la solution.
Autre raison ? Celle du président : Soyons moderne , sacrebleu !
Et bien voyons un peu :
Le vieux rêve des entreprises demeure celui de l’usine sans ouvriers animée et contrôlée par un presse-boutons dans un bureau, ou mieux encore par un robot intelligent programmé ...
Les réseaux informatiques 4G sont encore très lents pour des applications demandant un controle-commande à distance rapide, d’où le besoin (exprimé par les industriels) d’une 5G à développer d’urgence pour établir un réseau de communication à faible latence permettant la communication en temps réel ou quasi réel entre objets et occasionnellement avec les utilisateurs.
La 4G ne le permet pas actuellement non pas à cause des antennes mais principalement en raison des besoins en informatique qui sont croissants avec la nouvelle exigence de latence. Une partie du matériel informatique, dont les smartphones seront à remplacer. Le besoin exprimé n’est pas principalement public mais le projet est celui d’un réseau de communications mondial qui aura des modules différents : transport de sons et images, de documents, de commandes basse fréquence ou continues, d’alimentation d’imprimantes 3D, etc. .. dont tout le monde paiera l’infrastructure unique et sous contrôle multinational. Les besoins de la domotique en cours de développement passeront par d’autres moyens dont en France le compteur Linky mais la hauteur des investissements sera probablement lié surtout au développement de domaines comme l’usine automatique, la chirurgie à distance, la voiture autonome, les drones et quelques autres.
Qu’est-ce qui différencie réellement la 5G des générations précédentes de réseau ?
Tout d’abord sa nature : 2G, 3G et 4G sont des réseaux de communication omni-directionnels destinés au plus grand nombre. Le réseau 5G devra répondre à cette caractéristique, raison pour laquelle les moyens existant dans la 4G seront largement utilisés pour assurer cette fonction. Par contre, l’exigence de nouvelles applications amènera l’exigence pour ces dernières d’autres caractéristiques de directivité et de latence et dans certains cas une porteuse dans le domaine centimétrique . Technologiquement, la fonction « contrôle continu » exige le renforcement des codes correcteurs d’erreur dont la complexité augmente avec l’exigence de latence réduite et l’accroissement de débit dans un contrôle continu.
Concrètement, si l’installation commence fin 2020, ce sera en partie avec le matériel 4G installé au prix d’adaptations mineures car une partie de la 4G+ fonctionne déjà sauf erreur avec un aérien à 2,6 Ghz donc proche du 3,5 Ghz prévu. Pour 28 Ghz, prévu d’ici 2022, beaucoup de chose restent à faire et valider, et d’abord la disponibilité : c’est un domaine plus utilisé en transmission verticale (vers les satellites) en raison de la densité de l’atmosphère à ces fréquences et entre les utilisateurs les places sont chères.
L’ANSES qui a formé un groupe d’experts pour étudier les effets éventuels radiatifs de la 5G sur l’organisme humain a admis dans un rapport préliminaire récent que ces experts ne disposaient d’aucune étude existante sérieuse sur le sujet dans ce contexte bien que des centaines de sites en France et en Europe bénéficient d’autorisations de zones d’essais.
L’ANSES publiera les premiers résultats de son étude … en 2021.
C’est dans ces conditions que le gouvernement s’apprête à négocier les conditions d’installation avec des opérateurs qui auront donc le droit d’installer la 5G avant que l’on sache si cette installation est dangereuse ou non.
En définitive, l’attitude des Amish, qui n’acceptent la technologie que quand elle est strictement indispensable (il leur faut bien vivre dans un monde dont ils dépendent un peu) n’est peut-être pas totalement déraisonnable, alors que le monde entre dans une crise environnementale en grande partie provoquée par l’attitude déraisonnable d’une autre minorité que l’on appelle oligarchie, dont notre président défend avec énergie les couleurs.