Nous, le mouvement climat, demandons la fin du sabotage climatique !
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Tribune publiée dans REPORTERRE le 3 novembre, signée de 10 associations écologistes dont ATTAC FRANCE :
Alliance citoyenne, Alternatiba Paris, ANV-COP21, Attac France, Dernière rénovation, Greenpeace France, Les Amis de la Terre France, Notre affaire à tous, Réseau « Sortir du nucléaire », Youth for Climate Île-de-France, 350.org
Nous, collectif d’associations mobilisées pour le climat, dénonçons à l’unisson la politique énergétique du gouvernement qui va à contresens de l’urgence climatique et sociale.
La communauté scientifique est unanime : contenir le réchauffement climatique mondial à 1,5 °C maximum par rapport à l’ère préindustrielle est vital pour préserver au mieux les conditions de vie des générations actuelles et futures. Pourtant, le gouvernement multiplie les annonces et les politiques publiques qui nous éloignent irrémédiablement de cet objectif, alors même que la prochaine décennie sera déterminante pour le climat.
Afin de respecter les engagements de l’Accord de Paris, la France n’a d’autre choix que de réaliser plus de 80 % de ses baisses d’émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2035, soit dans les douze prochaines années. Malgré l’urgence, le gouvernement retarde encore la mise en œuvre des mesures qui s’imposent pour décarboner massivement notre mix énergétique, se noyant dans le mirage d’hypothétiques solutions technologiques.
Des mesures désastreuses
Deux décisions édifiantes aux signaux désastreux : l’autorisation de l’installation d’un terminal méthanier flottant au Havre pour importer du gaz fossile, et notamment du gaz de schiste, dont l’impact environnemental et social est catastrophique ; la relance du nucléaire, avec un plan de construction de nouveaux réacteurs dont le modèle est basé sur l’un des plus grands fiascos industriels français, et alors même que le premier réacteur ne serait pas fonctionnel avant 2037.
D’un côté, le gouvernement augmente ses capacités de consommation d’énergies fossiles, de l’autre, il mise sur une technologie qui ne permettra pas d’économiser 1 gramme de CO2 dans les quinze prochaines années, tout en étant dépendante d’un approvisionnement continu en eau pour son fonctionnement.
Pourtant, les solutions pour faire baisser rapidement et massivement nos émissions de gaz à effet de serre sont connues et éprouvées. Par exemple, investir dans les énergies renouvelables et la rénovation rapide et performante des passoires énergétiques plutôt que dans le nucléaire est plus bénéfique pour le climat. À montant d’investissement égal, l’installation d’énergies renouvelables d’un mix d’énergie éolienne et photovoltaïque permettrait d’éviter quatre fois plus d’émissions de CO2 d’ici à 2050 que la construction d’EPR2, tout en produisant trois fois plus d’électricité sur toute la période.
L’investissement de 85 milliards d’euros de subventions publiques d’ici à 2033 dans la rénovation performante des passoires énergétiques permettrait d’éviter six fois plus d’émissions de CO2 d’ici à 2050 que le projet de relance du nucléaire, tout en sortant près de 12 millions de personnes de la précarité énergétique en une décennie. Or, la France s’illustre au niveau européen pour être le seul pays n’ayant pas respecté ses propres objectifs de développement des énergies renouvelables, et les grandes promesses du gouvernement de rénover efficacement 500 000 logements par an sont restées lettre morte.
Tandis qu’Emmanuel Macron et son gouvernement s’obstinent dans la promotion d’énergies qui ne seront pas au rendez-vous climatique, c’est autant d’argent qui n’est et ne sera pas investi dans une transition énergétique juste, à la hauteur de l’urgence climatique, environnementale et sociale.
Fin du sabotage climatique
Le temps presse. Il faut amorcer une véritable transition vers une société sobre, qui priorise la satisfaction des besoins essentiels de toutes et tous. Cela ne pourra passer que par un grand plan de sobriété dans tous les secteurs de la société, avec la réduction de la consommation d’énergie superflue et une accélération des mesures de sobriété énergétique.
À l’aube de la révision de la Programmation pluriannuelle de l’énergie, qui déterminera les grandes orientations de la trajectoire énergétique de la France, le gouvernement doit définir des politiques publiques énergétiques qui non seulement soient basées sur la décarbonation la plus rapide possible de notre mix énergétique, mais qui soient également adaptées aux impacts du dérèglement climatique et répondent aux enjeux de justice sociale.
D’une seule voix, nous, le mouvement climat, demandons à Emmanuel Macron et son gouvernement de stopper la course technosolutionniste chimérique et le sabotage climatique. Face à l’urgence climatique, il est nécessaire de mettre en œuvre les seules solutions qui permettront de sortir rapidement des énergies fossiles et d’infléchir massivement la courbe d’émission de gaz à effet de serre de la France. Nous demandons de véritables politiques publiques reposant sur la sobriété, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.