En mai, ce sera la chanson du mois ! La Libertat présentée par Christine Findal
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Contexte
La Libertat est une chanson révolutionnaire écrite en occitan (dans sa variante provençale et marseillaise).
Elle se range clairement dans le camp des « meurt-de-faim », de « ceux qui n’ont pas de chemise », « des sans-pain, des sans-lit, des gueux qui vont sans souliers ».
D’après les historiens, elle fait référence à la Commune de Marseille, mouvement insurrectionnel, fédéraliste et socialiste (au sens que ce mot avait à l’époque) réprimé dans le sang par un général « versaillais » le 5 avril 1871.
Les paroles sont publiées pour la première fois en 1892 dans La Sartan (journal marseillais entièrement rédigé en langue d’oc) sous le titre « Cançon de nèrvi » (pour info, le mot nèrvi a trois sens possibles : nerf, vigueur ou voyou). Elles sont dédiées à l’instituteur, écrivain, historien et « socialiste proudhonien » Pèire Bertas. Le texte est signé J. Clozel, nom qui serait le pseudonyme du poète et critique d’art Joachim Gasquet.
Plusieurs dizaines d’années après, le texte publié par La Sartan est exhumé par le journaliste, chercheur et écrivain marseillais Claude Barsotti. En 2010, il est mis en musique par Manu Théron de la Compagnie du Lamparo. En 2012, la chanson interprétée a capella figure sur l’album Marcha ! du groupe marseillais de polyphonies masculines Lo Còr de la Plana. Depuis cette date, elle est reprise régulièrement par différents artistes professionnels et par de nombreuses chorales militantes. (E. Dussart, syndicat Solidaires)
ou bien
La libertat
Tu que siás arderosa e nusa
Tu qu’as sus leis ancas tei ponhs
Tu qu’as una votz de cleron
Uei sòna sòna a plens parmons
Ò bòna musa.
Siás la musa dei paurei gus
Ta cara es negra de fumada
Teis uelhs senton la fusilhada
Siás una flor de barricada
Siás la Venús.
Dei mòrts de fam siás la mestressa,
D’aquelei qu’an ges de camiá
Lei sensa pan, lei sensa liech
Lei gus que van sensa soliers
An tei careças.
Mai leis autrei ti fan rotar,
Lei gròs cacans ’mbé sei familhas
Leis enemics de la paurilha
Car ton nom tu, ò santa filha
Es Libertat.
Ò Libertat coma siás bela
Teis uelhs brilhan coma d’ulhauç
E croses, liures de tot mau,
Tei braç fòrts coma de destraus
Sus tei mamèlas.
Mai puei, perfés diés de mòts raucs
Tu pus doça que leis estelas
E nos treboles ò ma bela
Quand baisam clinant lei parpèlas
Tei pès descauç.
Tu que siás poderosa e ruda
Tu que luses dins lei raions
Tu qu’as una vòtz de cleron33
Uei sòna sòna a plens parmons
L’ora es venguda.
Traduction
Toi qui es ardente et nue
Toi qui as les poings sur les hanches
Toi qui as une voix de clairon
Aujourd’hui sonne sonne à plein poumons
Ô bonne muse
Tu es la muse des pauvres gueux
Ton visage est noir de fumée
Tes yeux sentent la fusillade
Tu es une fleur de barricade
Tu es la Vénus.
Des meurt-de-faim tu es la maîtresse
De ceux qui n’ont pas de chemise
Les gueux qui vont sans souliers
Les sans-pain, les sans-lit
Ont tes caresses
Mais les autres te font roter
Les gros parvenus et leurs familles
Les ennemis des pauvres gens
Car ton nom, toi, ô sainte fille
Est Liberté.
Ô Liberté comme tu es belle
Tes yeux brillent comme des éclairs
Et tu croises, libres de tout mal,
Tes bras forts comme des haches
Sur tes mamelles.
Mais ensuite tu dis des mots rauques,
Toi plus douce que les étoiles
Et tu nous troubles, ô ma belle
Quand nous baisons, fermant les paupières
Tes pieds nus.
Toi qui es puissante et rude
Toi qui brilles dans les rayons
Toi qui as une voix de clairon
Aujourd’hui appelle, appelle à pleins poumons
L’heure est venue.