Si vous ne lisez qu’un livre sur la police française aujourd’hui, lisez Que faire de la police ? par le député François Ruffin, aux éditions Fakir, seulement 100 petites pages, pour 5 petits Euros. Un livre qui fait le tour de la situation actuelle de la police française, l’approfondissement de sa coupure d’avec le peuple depuis des années de contrôles d’identité aussi injustifiés que répétés sur les jeunes de banlieue, puis le traitement des manifestations des Gilets Jaunes à coup de flash ball dans les yeux et de grenades dites de désencerclement, et aussi depuis le grand mouvement de la « Génération Adama », les Black Lives Matter français.
Ce livre a pour point de départ les auditions par la Commission des Lois de l’Assemblée Nationale de nombreux témoins : des policiers, les uns syndicalistes de diverses obédiences, les autres responsables hiérarchiques, des familles de victimes des violences policières et du racisme, des ONG, des sociologues … En ouvrant le livre à n’importe quelle page vous lisez des extraits vivants de ces témoignages. Ces auditions ont fait suite à une proposition de loi du député Ruffin « visant l’interdiction des techniques d’immobilisation létale ». Voilà un travail parlementaire intéressant !
Le côté journalistique de l’enquête n’empêche pas son sérieux scientifique. Par exemple sur la question Le racisme dans la police est-il « systémique », « institutionnel », ou est-il le fait de « bavures » individuelles ? car après tout « des racistes il y en a partout, donc aussi dans la police ». Eh bien plusieurs sociologues ont observé que les enquêtes internes menées par l’Inspection Générale des Services sont très rigoureuses, et sans pitié pour les ripoux sur toutes les affaires de vol, de complicité avec le trafic de drogue, et autres manquements à la discipline de l’institution, tandis que la même IGS traite de façon assez brouillonne et apparemment négligente les cas de violence et de racisme, au point que dans ces cas là le résultat le plus fréquent est l’impunité.
Au-delà de la logique de l’institution, Ruffin pointe la responsabilité des décideurs politiques, au point que le lecteur se demande si le gouvernement contrôle sa police ou si c’est l’inverse.
Le livre se conclut sur 9 préconisations de réforme de la police que je vous laisse découvrir.
Joël Martine