Le Livre du Mois de Novembre 2019
par
popularité : 5%
Une fois n’est pas coutume, le livre du mois est une bande dessinée traduite du finnois d’Emmi Nieminen et Johanna Wehkoo intitulée L’internet de la haine publié chez Cambourakis et parue le 2 octobre 2019.
Cette bande dessinée résulte d’une enquête menée par la journaliste Johanna sur le harcèlement en ligne. Un phénomène dont elle fut elle-même victime.
Vehkoo. Le travail de Johanna Vehkoo se concentre sur les sites de désinformation, dont certains sont affiliés à l’extrême droite. Contribuant à bloquer l’accès de ces pages, la journaliste a, par la suite, fait l’objet de représailles. Une série de menaces, lancées d’abord sur Facebook puis par courrier s’en sont suivies – menaces de mort y compris.
Après cet épisode, Johanna Vehkoo a décidé de répondre à ses assaillants. Mais elle ne voulait pas se borner à son cas personnel, consciente de l’ampleur considérable que le phénomène a pris ces dernières années, tous territoires confondus.
Dans son ouvrage, elle s’attache à définir le profil des cyberharceleurs et d’en établir leurs procédures d’agissement. Parmi les constats qu’en a tirés la journaliste, il ressort que les femmes sont les plus touchées par ce genre d’attaques.
Une réalité qu’avaient notamment mise à jour deux enquêtes réalisées au niveau international. En automne 2018, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) avait révélé que 64 % des femmes qu’elle avait pu interroger déclaraient avoir été victimes de harcèlement. Un bilan que venait appuyer un autre rapport de Reporters sans frontières, publié l’été de la même année. En effet, celui-ci établissait que pour deux tiers des femmes concernées, les attaques s’étaient produites dans 25 % des cas sur internet.
La bande dessinée Internet contre la haine a pour ambition de lutter contre l’une des conséquences premières de ce fléau du web : l’autocensure. La publication étant l’un des moyens de contribuer à mettre sur le devant de la scène publique un sujet d’une telle envergure sociale et sociétale.
Un travail qui a déjà porté ses fruits, car comme le rapporte le site suédois Journalisten, parmi les différentes personnes dont Johanna Vehkoo a recueilli le témoignage, certaines se sont regroupées au sein d’une association visant à lutter contre ce phénomène.
Emmi Nieminen est née en 1988 et vit à Tampere, en Finlande. Artiste et autrice de bande dessinée, elle a publié son premier ouvrage Keskiviikko (« Mercredi »), en 2012. Vihan ja inhon Internet (« L’Internet de la haine et de l’abomination »), qu’elle a conçu avec Johanna Vehkoo est paru en 2017 et a été salué par le prix Nuori Voima. En 2018, Emmi Nieminen a figuré dans l’anthologie de bande dessinée Sisaret 1918 (« Sœurs 1918 »), distingué par le prestigieux Prix Finlandia de la bande dessinée au printemps 2019. Emmi Nieminen est une de cofondatrices du collectif d’artistes Tampere Kunsthalle.
Johanna Vehkoo (née en 1976) est journaliste indépendante et autrice de non-fiction. Spécialiste de la désinformation diffusée sur Internet et de la vérification des faits, elle a reçu pour son travail le Prix du journalisme d’investigation. Johanna Vehkoo est une des cofondatrices du site de journalisme d’investigation Long Play et directrice du think tank féministe Hattu. En 2019, Le PEN club finlandais lui a décerné le Prix de la liberté d’expression.