LE RAPPORT SUR LES INEGALITES EN FRANCE, EDITION 2021
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Une présentation de Christine FINDAL
L’observatoire des inégalités a produit, peu avant les dernières élections locales, son quatrième rapport sur les inégalités en France.
Son ambition est l’actualisation permanente de l’observation chiffrée des inégalités.
Celles-ci ont été révélées ou aggravées par la crise sanitaire ; nous ne subissons pas à égalité la pénibilité du travail, le chômage et les confinements.
Pour rendre compte de la situation, alors que la statistique publique ne diffusera les chiffres que dans plusieurs mois au mieux, les chiffres retenus (datant souvent d’avant le début de la crise) ont été ceux qui témoignent de phénomènes structurels, que la situation a parfois mis en lumière.
Dans le vacarme médiatique actuel, l’observatoire tâche de fournir des éléments vérifiables et hiérarchisés, de mettre l’accent sur les évolutions récentes susceptibles de porter des effets à long terme.
Ce document devrait fournir un diagnostic de référence aux acteurs associatifs et politiques.
Ce qui suit est un résumé de sa synthèse intitulée « les chiffres clés »
I / Les revenus :
- Etat des lieux :
Le niveau de vie médian vaut 1 771 € mensuels (personne seule, après impôts et prestations sociales) ; selon les définitions utilisées par l’Observatoire, une personne est considérée comme pauvre quand elle vit avec moins de 885 € par mois.
Ce qui est le cas de 5,3 millions de personnes.
En moyenne, les 10% de français les plus pauvres ont un niveau de vie égal à 715 € par mois.
On est riche à partir de 3 542 € par mois (double du niveau de vie médian).
Le niveau de vie moyen des 10 % les plus riches est de 5 090 € par mois.
Les salaires à plein temps : Les 10 % les mieux payés touchent un salaire au moins 2,9 fois plus élevé que celui des 10 % les moins bien rémunérés.
L’épargne : Les 20 % les plus aisés épargnent en moyenne 28 % de leurs revenus (contre 3 % pour les 20 % les plus modestes)
Le patrimoine : A eux seuls, les 10% les plus fortunés possèdent 46,4 % de l’ensemble du patrimoine des ménages.
- Les tendances :
En 10 ans (2008-2018), l’écart entre le niveau de vie moyen des 10 % les plus riches et celui des 10 % les plus pauvres n’a pas bougé.
En 20 ans, il a au contraire augmenté.
Le taux de pauvreté a augmenté de 0,5 point en 10 ans, soit 500.000 personnes supplémentaires.
Le taux de pauvreté des 18-29 ans est passé de 8,2 % en 2002 à 12,5 % en 2018 ; les jeunes adultes sont ceux pour qui la situation s’est le plus dégradée en 15 ans.
- Demain ?
Les plus touchés par les conséquences de la crise sanitaire sont les jeunes actifs qui ont perdu un contrat précaire sans avoir droit à des indemnités chômage.
Cependant, la baisse ou l’arrêt de l’activité a aussi touché les classes moyennes.
Les plus riches ont épargné davantage : cette épargne ira-t-elle augmenter leur patrimoine ?
II / L’Education
- L’état des lieux :
Le niveau de diplôme est très inégal.
23 % des plus de 25 ans n’ont aucun diplôme ; alors que les diplômés de niveau bac+3 ou plus représentent 20 % de la population.
Près d’un tiers des 25-29 ans a au mieux un CAP ou un BEP.
Parcours scolaire et orientation des élèves sont liés à leur appartenance sociale.
Les enfants d’ouvriers sont 34 % parmi les élèves en bac Pro, mais 16 % en 1ère et terminale générales.
A l’université, ils ne représentent que 8,5 % des étudiants en master et 5,9 % en doctorat.
Quant aux grandes écoles : la part des enfants d’ouvriers est de 5 % dans les écoles d’ingénieurs, 4 % à l’ENA, nulle à Polytechnique.
Si les étudiantes, en université, sont plus nombreuses que les étudiants, certaines filières tardent à se féminiser : elles composent moins d’un tiers des élèves dans les formations d’ingénieurs.
- Les tendances :
Dans les grandes écoles, 65 % des élèves sont d’origine très favorisée, et 8 % d’origine défavorisée : chiffres stables depuis 10 ans.
La part des femmes en formation d’ingénieurs a progressé de 6 points en 19 ans (28% en 2019-2020)
NDLR : A ce rythme, il va falloir 80 ans pour atteindre la parité....
- Demain ?
Les plus pénalisés par les confinements sont les enfants des familles les moins diplômées ; les jeunes ont subi la baisse du nombre de stages, d’autant plus difficiles à obtenir que l’on manque de réseau social.
Le fait qu’aucun parti ne propose de réformer un système éducatif très concurrentiel, n’autorise pas à espérer une évolution en la matière dans un avenir proche.
III / Le travail :
Le « mal-emploi » (chômage, CDD, intérim) était déjà très inégal avant la crise.
Le taux de chômage des ouvriers non qualifiés est cinq fois plus élevé (17,7 %) que celui des cadres supérieurs (3,5 %) : Insee 2019.
Chez les moins de 25 ans : un sur deux est en contrat précaire. (en hausse de 5,7 points en 10 ans)
Les immigrés sont en situation défavorable ; souvent moins diplômés, victimes de discriminations à l’embauche, y compris de l’interdiction légale d’exercer certaines professions (pour les étrangers hors U.E.)
Les inégalités en matière de pénibilité physique du travail sont importantes, avec des conséquences durables sur la santé.
Travail pénible physiquement chez les ouvriers, notamment en station debout ; exposition aux produits toxiques et/ou au contact de produits dangereux (en hausse), risque d’accident du travail (quatre fois plus élevé que chez les cadres supérieurs), travail vécu comme répétitif (en forte hausse).
Demain ?
Il est très difficile de repérer les effets à long terme du ralentissement économique sur le mal-emploi.
Les chiffres du chômage ne les font pas encore apparaître.
L’amélioration de la situation de l’emploi est liée à la maîtrise de l’épidémie, mais aussi à long terme, à l’évolution du droit du travail et au retour d’une croissance durable.
NDLR : De quelle croissance parlons-nous ?
Le réchauffement climatique et son cortège d’inégalités au niveau mondial ne remettent-il pas à plat cette vieille notion ?
IV / Modes de vie
- Le mal-logement ne régresse pas.
Deux millions de personnes vivent dans un logement inconfortable, 900.000 dans l’exiguïté, 300 000 sont en structure d’accueil plus ou moins temporaire.
- L’inégalité se retrouve face à la mort : un ouvrier a une espérance de vie, de six ans inférieure à celle d’un cadre supérieur.
- La vie associative est elle aussi marquée par le milieu social : alors que 16 % des adhérents d’associations sont ouvriers, ils ne constituent que 7 % des présidents d’associations.
NDLR A réfléchir !
- Le handicap : ¼ des adultes handicapés de moins de 60 ans vivent avec moins de 1 000 € par mois.
- Le travail invisible (tâches ménagères) : deux fois plus de femmes que d’hommes consacrent au moins une heure par jour aux tâches ménagères.
- Les tendances : les discriminations de type raciste ou homophobe persistent.
NDLR La question mériterait d’être mieux documentée.
En politique, deux maires sur dix sont des femmes. (Six points de plus en 12 ans)
NDLR La parité dans 30 ans ?
Demain ?
La crise a servi de révélateur d’inégalités préexistantes.
Elle devrait permettre de rendre les soins plus accessibles, à condition que d’autres choix soient faits que de reprendre de plus belle la baisse des dépenses publiques.
Rapport sur les inégalités en France, édition 2021. Sous la direction d’Anne Brunner et Louis Maurin, édité par l’Observatoire des inégalités, juin 2021.
Format : 17 x 24 cm. 176 pages - Prix 10 € - A commander à l’Observatoire des inégalités : https://www.inegalites.fr/Rapport-s...