"Les Vilaines", portrait de groupe avec dames
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"Les Vilaines" ("Las malas", 2019) de Camila Sosa Villada, aux éditions Métailié
Depuis que je ne lis que des ouvrages écrits par des femmes, je vais de surprise en surprise. Non que la qualité des plumes féminines m’étonne… C’est leur manque de reconnaissance, de connaissance même, par les critiques et la presse littéraire, qui me laisse sans voix.
Ainsi Camila Sosa Villada et son premier roman, Les Vilaines. Déjà couronné (1) et en cours de traduction dans cinq langues, c’est un petit bijou.
Elles vaquent la nuit, dans le parc Sarmiento de Córdoba, en Argentine. La zone rouge. Camila partage la vie de ses sœurs de la communauté trans, sous la protection de Tante Encarna, bienveillante figure maternelle, dont les seins gonflés à l’huile de moteur ont déformé la silhouette. Elles vaquent, résistent à la violence des clients et des flics, rêvent, aiment et souffrent, racontent et se rappellent — des souvenirs si ténus qu’ils rentrent tous dans un petit sac bon marché.
Un premier roman comme une pépite, fulgurant, à la fois violent et tendre, qui brosse sans misérabilisme « la fureur et la fête d’être trans ».
Pascale COMPTE
(1) Prix Sor Juana Inès de la Cruz 2020
Camila Sosa Villada, né(e) à La Falda (Argentine), le 28/02/1982 est désormais actrice de théâtre, de cinéma et de télévision, chanteuse et écrivaine transgenre.