Pour comprendre l’écoféminisme : 2 livres faciles à lire - Les livres du mois d’octobre par Joël MARTINE
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QU’EST-CE QUE L’ÉCOFÉMINISME qui s’est affirmé comme une nouveauté radicale dans les années 60-70, et dont on parle tant aujourd’hui ? En quoi la sauvegarde de la nature et l’émancipation des femmes sont-elles deux aspects d’une même prise de conscience et d’une même volonté de transformer la société ? Et comment s’y retrouver dans la diversité des courants de pensée et des expériences écoféministes ?
Si vous n’avez pas le temps de lire une demi-douzaine d’ouvrages sur la question, nous vous en signalons deux, qui chacun à sa manière vous proposent une vision d’ensemble de la galaxie écoféministe, illustrée de nombreux exemples, et qui en même temps sont d’une lecture facile, que l’on peut découper en plusieurs tranches.
→ Solène Ducrétot et Alice Jehan, Après la pluie - Horizons écoféministes, Tana Editions, 22€, 224 pages.
Solène Ducrétot et Alice Jehan sont les organisatrices du festival écoféministe Après la pluie, créé en 2019. Elles ont réuni dans cet ouvrage ? les contributions d’une soixantaine d’intervenant.e.s. à ce festival.
Résultat : un panorama des nombreuses facettes de l’écoféminisme, notamment en France. Comme chaque intervenant.e s’est présenté.e en quelques pages, souvent sous forme d’interview, la lecture est facile et agréable : on commence où on veut. Aborde aussi bien les luttes collectives que les pratiques professionnelles et les questions du vécu et de la prise de conscience personnelle. En plus : beau livre à offrir, belles illustrations. Un manque : les classes populaires ne sont pas beaucoup représentées.
→ Catherine Albertini, Résistances des femmes à l’Androcapitalocène - Le nécessaire écoféminisme , M éditeur. 13€, 126 pages petites (format A5).
Aussi clair que le précédent, mais plus concis et plus « démonstratif », ce livre part de l’accaparement des terres et de la marchandisation des produits agricoles aux débuts du capitalisme et à nouveau dans sa phase actuelle de mondialisation. L’autrice souligne que ces processus détruisent les éléments d’autonomie que pouvaient avoir les femmes dans la production alimentaire dans les sociétés traditionnelles.
Elle présente l’écoféminisme comme l’expression théorique des résistances des femmes à leur soumission à l’économie capitaliste, et dans la foulée à la domination masculine traditionnelle ou moderne.
Dans cette approche l’émancipation des femmes est intrinsèquement liée à la lutte contre l’exploitation des populations et à la bienveillance dans l’entretien des écosystèmes. Chapitre après chapitre, le livre présente avec clarté et précision les concepts de l’écoféminisme, mais aussi les « éléments de langage » qui habillent les stratégies capitalistes de « l’aide au développement ». Clarté et concision également dans la présentation de plusieurs luttes emblématiques des résistances féminines : le Chiapas, les luttes paysannes en Inde, le mouvement de la « ceinture verte » au Kenya et dans d’autres pays africains, l’agroécologie urbaine à Detroit …
Il y a bien sûr d’autres livres fondamentaux sur l’écoféminisme. Pour n’en citer qu’un, récent, on peut parler de Être écoféministe – Théories et pratiques , de Jeanne Burgart Goutal, éditions L’Échappée, 313 pages. C’est un livre à la fois historique, philosophique, et qui raconte un cheminement personnel. Tout cela en fait un ouvrage intéressant et très utile. Mais il demande un certain effort de lecture. À l’opposé, les deux livres présentés dans cet article, tout en donnant des connaissances solides, présentent l’avantage de vous mettre rapidement dans le bain. Pour cela, ils méritent d’être signalés.