9 rosies en garde à vue pendant 9 heures à Paris le 7 février
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(Reprise partielle de l’article publié sur le site d’ATTAC FRANCE sur le sujet)
Que s’est-il passé devant l’Assemblée Nationale le matin du 7 février 2023 pour que Yael Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée s’indigne : « Ça suffit, notre démocratie est un bien précieux » en dénonçant des « pressions et intimidations inqualifiables » sur les parlementaires" ? Pour qu’un député se réjouisse que « les voyous qui ont dégradé un certain nombre d’éléments du patrimoine national [aient] été interpellés » et réclame « qu’ils soient sévèrement punis » en indiquant que « Toucher la République c’est abîmer la France et fragiliser les français » tandis qu’un autre renchérit « Saccager les bâtiments de l’Assemblée, c’est attaquer la République. Les sanctions les plus fermes doivent être prises » ?
En plus d’avoir dansé et chanté la chorégraphie "Nous on veut vivre" reprise dans de nombreuses manifestations dans toute la France, plusieurs membres du collectif des Rosies et d’Attac ont habillé la statue de la place du Palais Bourbon avec une chasuble géante bleue portant le message « Retraite à 60 ans ».
Et elles ont inscrit avec de la peinture à la craie, donc sans faire aucune dégradation,« 60 ans » sur la base de la statue. Cette action visait à dénoncer « un projet de réforme illégitime, injuste et injustifié ».
Comment peut-on mettre dans le même sac cette action collective, à visage découvert, joyeuse et non violente, ne provoquant aucun dégât, avec les intimidations ou fausses mauvaises nouvelles, lâches et anonymes, reçues par des femmes députées, visant leur personne et leur famille ? Pourtant, plusieurs média ont fait une sorte d’amalgame entre ces deux faits.
Si vous ne connaissez pas encore les Rosies, ce sont ces dangereuses criminelles souvent porteuses d’un bleu de travail et d’un fichu rouge et blanc, en hommage à Rosie la riveteuse, qui animent les cortèges des manifestations contre la réforme des retraites en dansant et chantant des chansons démontant les arguments du gouvernement selon lesquels les femmes seraient les gagnantes de cette réforme.
Toujours est-il qu’au terme de cette action, neuf personnes parmi ces dangereux « voyous » ont été arrêtées et ont passé neuf heures de garde à vue. Parmi elles, Lou Chesné et Youlie Yamamoto, toutes deux porte-paroles d’Attac France et animatrices des Rosies. Au lieu d’animer le cortège pendant le défilé parisien, comme lors des précédentes journées de mobilisation, elles ont donc été privées de manifestation et de liberté pendant 9 heures.
Où est la violence ?
Alors que toutes les « dégradations » ont été facilement effacées quelques minutes après l’action (et pour cause ! la peinture à la craie vise précisément à ne pas produire de dégradation), les réactions indignées des députés Renaissance et Rassemblement national ont de quoi nous interroger.
Qu’est-ce qui est violent ? Qu’est-ce qui menace la démocratie ? Peindre à la craie un slogan pour faire passer un message politique, ou bien placer en garde à vue pendant 9 heures des activistes non violents ? Habiller une statue, ou bien obliger les français à travailler jusqu’à 64 ans, soit la limite de l’âge de l’espérance de vie en bonne santé ? Danser, ou bien faire financer les cadeaux fiscaux aux riches et aux entreprises par la sueur des travailleuses et travailleurs ? Chanter, ou bien faire passer en force une réforme rejetée par les trois quarts des français et contestée par plusieurs millions de manifestants ?
Pour justifier leur réforme - qu’ils ont renoncé à présenter comme « juste » - les députés macronistes sont à ce point à court d’arguments qu’ils tentent de criminaliser la contestation, même quand celle-ci est non-violente.
Ne soyons pas dupes :
Qualifier des activistes non violents de voyous et un tag à la craie de menace intolérable contre la démocratie, c’est totalement disproportionné.
Poursuivons la mobilisation jusqu’au retrait de cette réforme !