Des Nouvelles des McDo
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LES SALARIÉS DU MACDONALD DE SAINT-BARTHÉLÉMY VEULENT METTRE EN PLACE UN RESTAURANT COOPÉRATIF EN SCIC.
Défense de l’emploi, aide alimentaire, vie des quartiers, lien agriculteurs-consommateurs… ce projet généreux mérite la solidarité de tou.te.s les Marseillais.es.
Rédacteur : Joël Martine
Infos au 5 septembre 2020, à suivre et à compléter
Le MacDo de Saint-Barthélémy, au 214 Chemin de Sainte-Marthe, au rond-point, c’est une longue histoire, dont les acquis ne doivent pas être perdus.
Pendant des années, les salariés ont fait de leur MacDo un lieu de convivialité, indispensable dans le quartier. Pour les jeunes des quartiers Nord, cette entreprise apportait aussi des emplois, des possibilités d’insertion et de formation. Tout cela avec une volonté de faire passer l’humain et la solidarité avant tout. C’était LE fast food en rupture avec le style de management de la multinationale. C’était aussi des luttes syndicales déterminées, pour la qualité de l’emploi et pour les salaires, luttes souvent confrontées à la violence patronale et à la répression judiciaire.
Face à la fermeture du site, décidée par la direction nationale de MacDonald, et devenue effective en décembre 2019 avec suppression de 77 emplois, les salariés ont réagi en demandant le maintien du restaurant sous forme de SCIC.
Voir https://www.laprovence.com/article/edition-marseille/6040559/un-projet-de-fast-food-social-pour-les-mcdo-de-saint-barth.html
Début avril 2020, face au confinement imposant une perte de revenu brutale pour de nombreuses familles, les ex-salariés ont réquisitionné le local du restaurant, utilisant les installations pour en faire une plate-forme de la solidarité alimentaire. Et par la suite s’y sont ajoutées des activités pour les jeunes, organisées par l’association Le Sel de la Vie (qui regroupe en fait une cinquantaine d’associations intervenant dans 47 quartiers). Voir https://www.lamarseillaise.fr/societe/le-sel-de-la-vie-veut-redonner-de-la-joie-aux-petits-marseillais-EB4120170 . On voit que l’enjeu du projet de SCIC n’est pas seulement l’emploi, mais aussi la vitalité des quartiers et la solidarité.
Une SCIC, c’est une formule d’entreprise coopérative, une Société Coopérative d’Intérêt Collectif. Dans la SCIC que veulent créer les ex-salariés de MacDo, il y aurait 3 collèges de sociétaires :
1. les salariés (copropriétaires de l’entreprise comme dans les SCOP),
2. des gens du quartier, des usagers, des associations,
3. des acteurs plus institutionnels : pouvoirs publics, entreprises, fondations …
L’intérêt de la formule SCIC c’est qu’elle associe des acteurs aux compétences différentes, sans pour autant permettre à certains d’imposer leur volonté aux autres. C’est une forme de démocratie économique plus ouverte que la SCOP.
Ce sera une avancée considérable pour la cause des quartiers populaires : maintien de l’emploi, mais aussi d’une « place de village » pour la population : un lieu de vie, d’autogestion, de lutte, et de création culturelle. D’ores et déjà plusieurs projet se greffent sur l’idée de SCIC.
Par exemple on envisage que le futur restaurant sera un « restaurant d’application », c’est-à-dire lieu de stage pour les lycéens et étudiants des lycées hôteliers avec une haute exigence de qualité vis-à-vis des consommateurs. D’autres activités sont proposées, par exemple réparation de bateaux. Il y a aussi une volonté écologique affirmée : développer l’approvisionnement du restaurant en circuit court par des agriculteurs des Bouches-du-Rhône, donc plus de proximité, moins de gaz à effet de serre et plus de résilience collective dans le changement climatique.
Il faut que ce projet de SCIC réussisse ! Ce sera une grande contribution à la question comment imaginer le « jour d’après », après l’épidémie de covid 19 … et face aux menaces d’une grave récession économique … et face au dérèglement climatique.
Le projet de SCIC attire déjà des bonnes volontés très diverses. Par exemple, des professeurs de sciences économiques et sociales qui participent aux actions du Sel de la Vie auprès des jeunes seraient intéressé.es à proposer leurs compétences pour mettre au point un « business model » et des formules juridiques pour la SCIC.
Les MacDo et leurs soutiens viennent de créer APRÈS : l’Association pour la Préfiguration d’un Restaurant Economique et Social.
Cette association est portée par des acteurs associatifs locaux unanimement reconnus. Elle regroupera des personnes physiques mobilisées pour la réussite du projet (dont un ancien directeur du site), ainsi que des personnes morales, des collectifs apportant un appui actif : entreprises, associations, institutions. Sa mission s’achèvera au démarrage de la SCIC.
L’association souhaite clairement se situer « après » une phase de conflit très dure, et dans une phase de construction.
On est dans un moment opportun : tout le monde ressent la nécessité d’une solution au conflit qui n’en finit pas entre la direction et les travailleurs. Et la municipalité récemment élue peut apporter un renfort décisif à la mise en place de cette solution. Cela pourra être, on l’espère, un exemple rapide d’une nouvelle forme de dialogue entre les habitants de Marseille et leur municipalité. Et un exemple pour les habitants des quartiers populaires, pas seulement à Marseille.
L’association aura un rôle de médiation entre d’un côté les travailleurs et leurs soutiens, de l’autre les dirigeants nationaux de MacDonald, et enfin les institutions comme la municipalité et l’État. L’association demande une table ronde sous l’égide de la mairie. Il s’agit d’engager une négociation et d’arriver à un compromis ouvert sur l’avenir.
La multinationale MacDonald est sous les regards de l’opinion publique, qui sait qu’elle pratique l’évasion fiscale et qu’elle a déjà bénéficié de beaucoup de cadeaux sous forme d’exonération de taxes. Les marseillais.es sauront lui rappeler que pour ne pas ternir son image, il faudra qu’elle fasse des concessions facilitant le passage de ses ex-salariés en SCIC.
D’où l’importance aujourd’hui qu’un maximum d’associations, y compris celles qui ne sont pas dans les quartiers Nord, affirment leur solidarité et diffusent l’information sur le projet des MacDo.