Lettre à Jean-Luc

Déclarer ta candidature le jour du départ du Vendée Globe donne à ton annonce un petit caractère sportif ! C’est bien vu puisque tu t’engages dans une sacrée course : la présidentielle. D’ailleurs, tu joues la sportivité à fond en conditionnant ta participation à ce marathon à une « investiture populaire ». Je m’interroge toutefois sur cette notion d’investiture populaire quand tu places la barre à 150 000 signatures, sachant que La France Insoumise compte plus de 500 000 adhérents ! Cela ne fait qu’un tout petit tiers de ceux qui te sont a priori acquis, même s’il ne faut pas nier l’existence de quelques dissidents, tout ce qu’i y a de plus normal dans une France Insoumise. Et si j’appréhende ton ambition à l’aune du nombre de votants qui ont mis ton nom dans l’urne lors de la dernière présidentielle, c’est-à-dire plus de 7 millions de citoyens dont j’étais, tes 150 000 parrainages ne représentent que 2,13% d’entre eux. Pire encore, si je compare ce chiffre au nombre d’exprimés à cette même élection, on tombe à 0,42%... Alors dis moi Jean-Luc, c’est vraiment cela pour toi, une investiture populaire ?

Une autre question me taraude au lendemain de la victoire du Printemps Marseillais qui place notre belle cité phocéenne dans une mouvance qui a su séduire de nombreux électeurs au point que tombent des bastions comme Bordeaux, Lyon, Montpellier, Poitiers, Strasbourg, etc… La force de celles et ceux qui ont gagné ces élections municipales ne tenait-elle pas à leur capacité à fédérer des sensibilités différentes, parfois divergentes ? Il semble que la capacité des équipes concernées à construire ensemble un projet partagé (pour ne pas dire un programme commun, ça pourrait paraître « ancien monde ») a largement contribué à leur victoire. N’est-ce pas cela le ticket gagnant ? A Grenoble, c’est parti pour un deuxième mandat !

Toi, le député de ma circonscription, pour qui une fois encore j’ai voté, n’as-tu pas trouvé sur le Vieux Port source d’inspiration ? N’entends-tu pas toutes ces voix de gauche qui appellent à l’union parce qu’elles aspirent au pouvoir ? Elles sont bien plus de 150 000 !

Je te sais brillant, excellent tribun, capable de rassembler des forces vives, de faire émerger un mouvement tel que la France Insoumise… Je sais que le projet que tu portes est global, résolument social et écologique. Je te crois aussi habile tacticien mais là, aujourd’hui, je doute. Est-ce l’effet de la privation de liberté qu’impose le confinement ou plutôt un malaise qui nait de l’impression que l’histoire de la désunion permanente va se répéter et qu’une fois encore, il ne nous restera qu’à pleurer de ne pouvoir atteindre l’inaccessible étoile ?

Bien à toi, Jean-Luc.

Dominique Satabin.