Qui vaut quoi ?
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Qui vaut quoi ?
L’actualité opère d’étranges rapprochements.
Deux décès la même semaine : Daniel Cordier et Diego Maradona.
Daniel Cordier : à 18 ans croix de feu, antisémite ; résistant pendant la guerre, choisi par Jean Moulin pour être son secrétaire ; désigné par De Gaulle comme compagnon de la Libération ; après-guerre collectionneur d’art, grand découvreur de peintres, généreux donateur aux musées nationaux, homosexuel assumé, avec le courage nécessaire à cette époque pour afficher sa liberté. Mort à 100 ans. En hommage, une cérémonie aux Invalides, et quelques émissions à la radio.
Diego Maradona : issu d’un milieu très pauvre, élevé dans les favelas, se révèle extraordinaire footballeur argentin, stupéfiant dribbleur et tireur au pied, pour cela surnommé « le pied d’or », mais aussi à l’occasion très bon à la main pour marquer des buts, et pour cela surnommé « la main de Dieu » ; devenu cocaïnomane, alcoolique, obèse ; dopé, affaires troubles. Mort à 60 ans. En hommage, trois jours de deuil national en Argentine, et des millions de supporters écrasés de douleur et de nostalgie.
Une heure de cérémonie pour une vie d’un siècle de combats, de courage, de générosité, et d’art.
Trois jours de deuil national pour une vie d’un demi-siècle de foot-spectacle, abrégée par la drogue, les excès, et –peut-être- la négligence d’un médecin.
Et alors ? La guerre c’est loin. Le courage des armes, magnifique. Mais Cordier était bien vieux. Tandis que Maradona, d’accord ce n’était pas un saint, mais il nous a fait vibrer, sentir, vivre. Cordier, Maradona : qui des deux nous émeut le plus fort ?
J’ai élevé mon fils pour qu’il soit honnête, moral, respectueux de la personne et de la propriété d’autrui, pour qu’il fasse son devoir, assume ses responsabilités, sache chanter La Marseillaise, et patin couffin. Donc plus vers un Cordier que comme un Maradona.
Globalement ça a marché.
Je me demande si j’ai bien fait.
Jacques Woda.