Rapport n°107
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Rapport n°107
Conseil municipal de la ville de Marseille en date du 23 novembre : le rapport n°107 prévoit que la Ville élaborera un dossier de candidature au dispositif expérimental d’encadrement des loyers. Le hic c’est que la Ville n’est pas décisionnaire en la matière car c’est la Métropole qui a cette compétence et qui doit soumettre la candidature aux services de l’État. En toute logique, le rapport n°107 prévoit donc de solliciter la Métropole afin de lui demander cette soumission.
Et bien que le rapport n°107 ait été adopté en séance, les élus LR, majoritaires à la Métropole, fidèles à leur politique sociale au service de leurs concitoyens les plus humbles, et représentée par l’emblématique Martine Vassal, ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils étaient opposés à cette démarche.
Ce qui va être rendu possible à Paris, Lille, Nantes, Lyon, Grenoble, Montpellier, Bordeaux ne le sera pas à Marseille. Les propriétaires pourront continuer à fixer leurs prix comme ils l’entendent, et on sait combien de ce côté ils entendent bien faire du gras sur le dos des locataires avec la bénédiction des élus de droite extrême ou pas … qui perpétuent ainsi la politique du logement qu’ils ont si bien mené à Marseille ces vingt-cinq dernières années en gérant leur patrimoine en « bons pères de famille ».
Il faut dire que lors des derniers hommages rendus le 5 novembre dernier deux ans après le drame de la rue d’Aubagne, on ne les a pas beaucoup vu aux côtés des Marseillais. Ils devaient être occupés ailleurs : « pour vivre heureux vivons cachés dans nos beaux quartiers », dit fort justement le proverbe en vogue au Roucas Blanc.
Il n’y a pas que l’habitat qui soit indigne à Marseille. Alors ni oubli ni pardon et rappelons un peu les pratiques avérées de certains élus de l’ex-majorité municipale, avec ce petit florilège qui n’est malheureusement pas exhaustif :
Bernard Jacquier (Les Républicains)
Ex Élu du 6ème & 8ème arrondissements, Marseille.
Ex Vice-président de la métropole Aix-Marseille-Provence en charge de la commande publique et des appels d’offres (démission suite à ces révélations).
Avocat en droit immobilier (ça ne s’invente pas !), La Marseillaise a révélé qu’il était « propriétaire d’un logement frappé d’un arrêté d’insalubrité depuis le 4 avril 2017, et dont tous les locataires ont été évacués », à la Belle-de-Mai. « Sa dernière locataire a du être relogée dans un hébergement d’urgence de la Ville dans le 14e arrondissement. C’est donc la mairie qui supporte la défaillance privée d’un de ses propres élu de la majorité. »
Thierry Santelli (Les Républicains)
Conseiller départemental 13 (en poste)
Ex Vice-président du département délégué aux sports
Ex Administrateur de Marseille Habitat
Ex Administrateur de Marseille Habitat « société publique chargée par la Ville de Marseille de l’éradication de l’habitat indigne ».
Propriétaire de l’immeuble effondré du 63 rue d’Aubagne, Thierry Santelli est propriétaire d’un appartement dans un immeuble frappé d’arrêté de péril, à Saint-Mauront (3e). « Décrit comme un "taudis", le logement était loué à une jeune maman et sa fille de deux ans. Il présentait de sérieux risques pour la vie de la petite famille. Mère et fille ont dû être évacuées par les pompiers le 13 novembre 2018, avant qu’un arrêté de péril imminent n’interdise toute occupation de l’immeuble le 7 décembre 2018. »
Xavier Cachard (Les Républicains)
Conseiller régional, PACA (en poste)
Ex Vice-président aux finances de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Propriétaire d’un appartement dans l’immeuble effondré du 65 rue d’Aubagne. Et avocat du syndic de cet immeuble. Il déclare : « Je suis obsédé par ce drame, qu’est-ce que j’aurais pu faire... Rien ». Il ne croit pas si bien dire.
Feu André Malrait (Les Républicains)
Ex Adjoint au maire délégué au patrimoine, Marseille.
Architecte de profession, il a été mis en demeure par la Ville afin « de procéder à des travaux pour mettre fin à une « situation d’insalubrité » dans un « appartement » qu’il loue au centre de Marseille. » Le 17m2, loué pour 520 euros/mois, avait été déclaré comme un « local à deux-roues » lors de sa construction. Lorsque suite à l’insalubrité du logement sa locataire refuse de lui payer les loyer de septembre et octobre 2018, il utilise un papier à en-tête de la Mairie pour les exiger, avant de la traîner en justice. Elle obtiendra finalement (seulement) 800 euros de dommages et intérêts pour les préjudices subis. Comme une magouille ne vient jamais seule, Malrait avait aussi réalisé des travaux sans permis de construire sur sa propriété. Une fois l’irrégularité révélée dans le presse, la Ville s’est empressée de lui en délivrer a posteriori. André Malrait nous a quitté en mars dernier à l’âge de 87 ans. Apprenant sa disparition, Jean-Claude Gaudin déclare : « Rien ne laissait présager une disparition aussi brutale ». Peut-être retrouvera t-il au paradis celles et ceux de la rue d’Aubagne ...
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/04/12/a-marseille-les-elus-marchands-de-sommeil-dorment-sur-leurs-deux-oreilles_5449399_4500055.html
https://marsactu.fr/document-le-logement-que-louait-ladjoint-andre-malrait-juge-insalubre-par-la-mairie/
https://marsactu.fr/comment-lelu-municipal-au-patrimoine-etend-le-sien-sans-autorisation/
Christophe Madrolle (Union des démocrates et écologistes)
Ex Élu des 4ème & 5ème arrondissements, Marseille
Candidat LREM aux municipales 2020 à Marseille
La Marseillaise a révélé mi-septembre 2019 que ce candidat aux municipales « est propriétaire d’un appartement aux Rosiers, dans l’une des copropriétés les plus dégradées de la ville. » L’insalubrité ? « La faute au syndic » nous dit Cricri droit dans ses Weston.
On va laisser le mot de la fin à deux élus de l’opposition municipale qui se sont particulièrement distingués lors de ce conseil municipal du 23 novembre et du débat sur le logement.
Tout d’abord Lionel Royer-Perreaut, champion du cumul des mandats avec quinze mandats dont la présidence de 13 Habitat, celle de la Soleam, la vice-présidence du conseil de territoire Marseille-Provence délégué à l’Habitat, mas aussi la mairie LR des 9ème et 10ème arrondissements, qui qualifie la politique de la majorité municipale en matière de logement de "politique du hamster qui court sur place dans sa roue jusqu’à s’épuiser". Une question peut alors se poser : par quel animal qualifier la politique de Monsieur Lionel, aux affaires marseillaises depuis si longtemps et avec les glorieux résultats que l’on connait ? Et qu’a t-il donc contre les hamsters ?
Quant à Cédric Dudieuzere, élu du Rassemblement National, qui s’oppose également à l’encadrement des loyers, il annonce la couleur, fidèle à la tradition de tolérance et d’ouverture qui caractérise son mouvement : "Vous souhaitez continuer à attirer chez nous toute la misère du monde et à tirer notre ville vers le bas. Marseille est et restera une ville populaire. Mais entre une ville populaire et une ville du tiers-monde, il y a un pas".
Ite missa est, la messe est dire, on peut passer au rapport suivant !
Hervé