Une paix indésirable ?
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Une paix indésirable ?
« Mes chers compatriotes, nous sommes en guerre… »
Certes, mais la paix est-elle désirable ?
Dans cette guerre contre un ennemi invisible, nombreux sont les sacrifiés : ceux qui y laissent leur vie, ceux qui n’ont plus de quoi vivre et ceux qui vont bientôt les rejoindre.
Mais dans toute guerre, c’est bien connu, si les morts au champ d’honneur sont nombreux, il en existe qui savent tirer profit de la situation !
Cette guerre nous a éloigné des commerces de proximité pour nous rapprocher des plateformes de vente en ligne et voilà que leur chef de file, Jeff Bezos, voit sa fortune progresser de 74% depuis le début de l’année. Et il n’est pas le seul à en profiter, la vente en ligne profite à toutes les grandes enseignes qui ont su développer cette relation clientèle.
Cette guerre nous livre aux bons soins de Pôle Emploi au motif que la compétitivité est menacée. Les licenciements se multiplient, d’autres sont annoncés. C’est le gage à donner aux actionnaires pour les rassurer.
Cette guerre nous a éloigné les uns des autres et renvoie notre vie sociale à nos écrans. Télétravail, Visioconférences, enseignement distanciel, consultations médicales en ligne, apéros virtuels, spectacles à distance, expos en images, voyages virtuels… jusqu’à l’expression militante qui passe par le net. Et pendant ce temps-là, l’industrie logicielle continue sa marche en avant et offre aux développeurs d’applications numérique un nouvel âge d’or.
Cette guerre nous oblige à nous armer contre l’ennemi et l’arme fatale s’appelle vaccin. L’urgence sanitaire l’impose et les entreprises pharmaceutiques l’ont bien compris. Elles se démènent pour y répondre, mais leur motivation n’est pas uniquement de santé publique : les bénéfices attendus sont énormes et motivent à se surpasser. Les bourses ne s’y trompent pas !
Cette guerre nous impose un ennemi qui en cache bien d’autres. Pendant que nous luttons contre l’ennemi invisible à force de gestes barrières, de confinements, de sorties autorisées, de couvre-feux… les adeptes du libéralisme (je devrais dire les chantres du capitalisme) en profitent pour nous imposer des remèdes qui ne servent que ceux qui leur concèdent un brin de pouvoir, cette toute petite minorité fortunée qui possède à elle seule 90% des richesses mondiales. Leurs solutions qu’on pouvait penser éculées restent les mêmes : le coût de la crise est socialisé et sera laissé en héritage à nos descendants. Du monde d’avant ne faisons pas table rase…
Cette guerre nous empêche de vivre et s’avère être l’outil de la privation de nos libertés. 388 députés votent une loi pour une « sécurité globale » qui n’a de globale que de favoriser les coups de matraque en toute impunité. Parce que la sécurité globale serait d’assurer à chacun les moyens décents de son existence, pas d’empêcher la liberté d’expression.
Le prix de la paix est peut-être trop élevé pour tous ceux que la guerre sert.
Et pendant ce temps-là, la planète s’échauffe…
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un bon bout d’an !
Dominique Satabin.