Les Filles du Refuge
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LES FILLES DU REFUGE……
Par Joëlle B. et le groupe Genre/féminisme d’ATTAC MARSEILLE
Un peu d’Histoire de la Ville, d’Histoire des femmes de la Ville, d’histoires de femmes, d’hier et d’aujourd’hui….
Le théâtre de la Mer, situé 53, rue de la Joliette à Marseille crée des spectacles bien sûr, accueille des troupes professionnelles, mais aussi permet, depuis toujours, à des gens du quartier ou d’ailleurs de s’exprimer par le théâtre.
Il accueille notamment une troupe de femmes, de tous âges, de toutes nationalités, une sorte de cours de théâtre, mais aussi un beau projet sous la direction d’Hélène FORCE, metteur en scène, actrice et enseignante pour les professionnels : « LES FILLES DU REFUGE ».
Cette troupe-amateur, de femmes, de mamies, de nanas, jouent « LES FILLES DU REFUGE » : elles y disent leurs histoires mêlées et l’histoire du « Refuge », situé Place du Refuge à Marseille, un lieu qui tenait plus de la prison que d’autre chose, comme on va le voir :
Voici l’histoire du couvent des repenties, de l’hôpital St Joseph et de « l’entrepôt » Place du refuge 13002 Marseille au XVIIe siècle.
Le contrôle des femmes et de leur sexualité s’exerçait avec une grande rigueur ; morale et église toutes puissantes, pouvoirs de la noblesse et de la bourgeoisie montante aussi, et pour peu qu’une fille « cède » à l’insistance d’un amant, et que cela se sache, elle avait tôt fait de passer du côté des femmes dites « de mauvaise vie » et d’en payer le prix.
Dès 1630, la ville avait établi dans le quartier du Panier, sur la place dite aujourd’hui « du Refuge » en référence à cette époque, une œuvre des "repenties" ou de "Sainte-Marie-Madeleine" qui recevait et de fait, enfermait des femmes de mauvaise vie ayant prétendument la volonté de se repentir. Cette première tentative de redressement échoua ; il paraît que les plus délurées des détenues parachevaient l’instruction des novices !
Après l’échec de cette première institution, les Consuls de Riquetti, Lascours et Malaval, membres de la compagnie du Saint Sacrement, accordèrent le 4 décembre 1640 à leur confrère Pierre Bausset Sieur de Roquefort et chanoine de la Major, la permission de fonder une Œuvre destinée à enfermer les femmes prostituées ou prétendument telles.
Les femmes adultères, les concubines, les femmes vivant maritalement, les jeunes filles naïves ou se livrant à un certain "maraîchage" (baiser voluptueux intrabuccal !) les femmes écartées par leur famille pour motifs le plus souvent sordides, y côtoyaient les filles pauvres, délinquantes, simples prostituées ou maquerelles.
On installa en 1652, avec la fondation du "refuge", l’hôpital Saint Joseph, un immense couvent.
Appelé populairement "la galère des femmes" en raison de l’extrême sévérité qui y sévissait, il servait à la fois d’hôpital et de prison pour les prostituées ou supposées telles poursuivies devant les tribunaux puis enfermées dans cette institution.
Ce « Refuge » était bordé par la rue du Refuge à l’est, la rue des repenties au Sud, la rue Baussenque à l’ouest et la traverse du puits-Baussenque qui débouchait dans la rue des honneurs au nord.
Officiellement, Louis XIV, confirma cette "retraite contre le vice" et cet "asile contre la nécessité" afin d’assurer "la tranquillité publique", son propre repos et "la gloire de Dieu".
Toujours sous le même toit, a été mis en place à partir de 1690, l’Entrepôt, un lieu dans lequel on accueillait (« entreposait » !) gratuitement les femmes enceintes jusqu’à leurs couches.
Mélange des causes et des situations, mais pas mélange des genres !
En 1735, le Refuge neuf était mitoyen de l’Entrepôt et le couvent des repenties, perpendiculaire à cet ensemble touchait l’Entrepôt. Le Refuge comprenait 3 étages et 213 "chambres" individuelles dont les portes étaient fermées à clé. Au rez-de-chaussée se trouvaient deux parloirs : 1 pour les condamnées et un pour les religieuses. La chapelle de l’établissement, séparait les religieuses des condamnées, jouant ainsi le rôle de sas.
Cette chapelle serait aujourd’hui le seul bâtiment encore visible, occupé par le Centre d’Animation du Quartier.
Le Refuge de Marseille devenu l’œuvre du Refuge fut transféré en 1838 à la rue Paradis puis au 145, bd baille.
Alors, on vous a donné l’eau à la bouche ?
Vous ne pouvez malheureusement pas aujourd’hui voir « LES FILLES DU REFUGE », à cause de la situation sanitaire, mais dès que les représentations reprennent, on vous prévient !