VIVANTES, par Christine Mead de la Commission Genre/Féminisme
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Voilà un livre qui est à l’image de son autrice, profondément humain.
On l’y rencontre dans son cadre professionnel, en même temps qu’on rencontre les femmes qu’elle reçoit comme conseillère conjugale et familiale dans un centre de planification et d’éducation familiale dépendant du Conseil Départemental des Bouches du Rhône et intégré à un service de Protection Maternelle et Infantile (PMI) sur Marseille.
Ce contexte détermine qui seront les personnes reçues : des femmes enceintes ou mères de jeunes enfants.
Le livre évoque l’histoire d’une dizaine de femmes, parmi celles qui viennent de loin : migrantes et bien vivantes.
VIVANTES : Des Femmes Migrantes racontent – d’Odile Dutrey
Edition L’HARMATTAN – Sortie : 20 avril 2020
Prix : 14.50 €
Au-delà des témoignages sur des faits : le long voyage et ses risques, de mort, de viol, de séparation involontaire, l’arrivée en France et ses difficultés : longue période de démarches, administratives, de survie, attente et incertitude, solitude, le livre donne à voir la force, la valeur humaine, l’ingéniosité, la motivation de ces femmes. Elles inspirent l’admiration.
Et surtout, il présente une autre manière d’être « professionnelle » : à l’inverse de ce qu’on entend d’habitude sur la distance nécessaire, le professionnalisme opposé aux sentiments, la séparation nette entre boulot et vie personnelle.
Marie-Laure Cadart évoque dans la préface « un remarquable travail où la technicité ne prend pas le pas sur l’humanité », un travail de « bricoleur », où l’on agit « avec les moyens du bord », en faisant appel à la créativité, un travail collectif où l’on peut compter sur des personnes ressources, qu’elles soient professionnelles ou bénévoles et militantes.
Pour Odile Dutrey, les rendez-vous avec les femmes qu’elle suit, sont des rencontres, elle cherche « ce qui va faire la rencontre, ce qui va l’accrocher elle, ce qui va me toucher, ce qui va la rendre unique, ce qui va être bon pour elle, ce qui va nous relier, ce qui va nous séparer. C’est la parole qui va faire un pont entre nous, et les regards, les odeurs, les postures, les gestes, les silences, les pleurs, les sourires et les rires, les mains devant les yeux, devant la bouche… ».
Elle écrit encore : « Pour que cette rencontre soit utile et bonne, elle doit être celle de deux personnes qui sont à des places différentes, mais partagent du commun au-delà de la réalité de leur vie et de leur place dans cette rencontre : leur appartenance à l’espèce humaine, au même sexe, leur expérience de la maternité… Et puis surtout qui vivent chacune ces défis inconscients pour chacun de nous : vivre avec ses désirs, ses manques et ses doutes, avec ses demandes de reconnaissance et ses demandes d’amour. »
Christine Mead.